1971 |
"L'histoire du K.P.D. (...) n'est pas l'épopée en noir et blanc du combat mené par les justes contre les méchants, opportunistes de droite ou sectaires de gauche. (...) Elle représente un moment dans la lutte du mouvement ouvrier allemand pour sa conscience et son existence et ne peut être comprise en dehors de la crise de la social-démocratie, longtemps larvée et sous-jacente, manifeste et publique à partir de 1914." |
Révolution en Allemagne
Pierre Broué
De la conquête des masses à la défaite sans combat
L'appel au front unique des organisations ouvrières pour la lutte contre le capitalisme et son gouvernement ne se conçoit pas sans l'ouverture de perspectives pour le règlement de la question du pouvoir. La dictature du prolétariat demeure, bien entendu, l'objectif ultime, mais, sur le chemin qui y conduit, le mot d'ordre de gouvernement ouvrier apparaît comme le couronnement de la stratégie du front unique.
En Allemagne, le problème se pose même en termes de majorités parlementaires, ce qui représente une grave difficulté par rapport à la théorie de l'Etat et à la traditionnelle hostilité des communistes au parlementarisme. Ensemble, les communistes, les indépendants et les social-démocrates ne sont pas loin de la majorité absolue dans plusieurs Landtag, et une telle majorité est loin d'être exclue à la suite d'élections générales au Reichstag lui-même. Si le parti communiste joue le jeu de l'action commune, il ne peut refuser son soutien ni même sa participation à des gouvernements à direction socialiste excluant les représentants des partis bourgeois, dans la mesure où ils se donneraient comme programme la réalisation des revendications contenues dans le programme du front unique ouvrier. La question posée en mars 1920 par Legien au lendemain du putsch de Kapp — et finalement écartée sans véritable débat — émerge à nouveau, conséquence du tournant pris en 1921 par l'Internationale.
La centrale pense que le moment est venu d'élaborer pour le parti un programme nourri par l'expérience des années de lutte écoulées depuis l'adoption par le congrès de fondation du programme de Spartakus. Une commission spéciale est chargée de la rédaction du projet : elle est constituée par Brandler, Wilhelm Koenen, Ludwig, Clara Zetkin et Thalheimer [1]. Son travail est présenté au comité central des 15 et 16 octobre 1922, qui l'adopte par 24 voix contre 23 — celles des membres de la gauche, lesquels le jugent opportuniste et révisionniste — et qui décide de le soumettre pour discussion à l'Internationale communiste [2].
Le projet de programme se place sous le signe de l'imminence de la révolution et de la prise de pouvoir :
« Le communisme n'est plus simplement affaire de prévision et d'avenir lointain. Il est réalité et actualité. Son règne a déjà commencé » [3].
De ce point de vue, l'expérience russe doit servir de guide :
« (La révolution d'Octobre) constitue à toutes ses étapes un trésor de stratégie politique, une source vivifiante d'énergie révolutionnaire, un arsenal des expériences de la construction socialiste » [4].
Pour les auteurs du projet, la période de l'essor du capitalisme a pris fin définitivement avec le passage du capitalisme de sa phase prémonopolistique à sa phase impérialiste actuelle. La signification historique de la révolution russe est d'indiquer l'unique voie de salut pour l'humanité menacée de barbarie par l'impérialisme : le socialisme. Dans la lutte pour le socialisme, c'est la classe ouvrière qui constitue la classe révolutionnaire ; c'est elle par conséquent, qui doit mener la lutte de tous les exploités contre le régime capitaliste. Le rôle des communistes est de diriger la classe ouvrière avec pour objectif de souder son front contre la bourgeoisie, car, comme l'indiquait déjà le Manifeste communiste, « les communistes n'ont pas d'intérêts distincts de ceux du prolétariat dans son ensemble » : ils en constituent seulement l'avant-garde, dont la mission est de gagner à la lutte pour le communisme la majorité du prolétariat. Les communistes doivent lutter pour la conquête des masses sans négliger aucun des moyens à leur disposition :
« Afin de conquérir la majorité de la classe ouvrière, le parti communiste doit utiliser toutes les possibilités offertes par la démocratie bourgeoise (parlement, conseils municipaux, administrations, etc.). Il doit chercher à conquérir les organisations prolétariennes de masse (syndicats, coopératives) afin de les transformer de soutiens de simples réformes en larges colonnes d'assaut contre le règne de la bourgeoisie » [5].
L'objectif des communistes est d'entraîner le prolétariat à établir sa dictature et à construire en Allemagne une « république socialiste unifiée des conseils » [6]. Dans la période où la lutte immédiate pour le pouvoir des conseils n'est pas à l'ordre du jour — c'est le cas de l'Allemagne en 1922, et pratiquement depuis la défaite de janvier 1919 —, le devoir des communistes est de lutter pour transformer le rapport des forces en présence afin de créer à nouveau les conditions de cette lutte. C'est l'objet de ce que le projet de programme, reprenant une idée chère à Brandler, appelle les « mots d'ordre de transition », que les communistes doivent élaborer et lancer pour être à même de « s'appuyer sur tous les combats partiels et les objectifs partiels correspondant à la situation des larges masses afin d'élever le niveau de leur conscience » [7]. Il précise :
« Dans un moment où le mouvement spontané de masse du prolétariat a atteint un niveau et une dimension appréciables, où son opposition à la bourgeoisie et aux dirigeants ouvriers liés à elle se renforce, mais où il n'est cependant pas encore prêt, en majorité, à sortir du cadre de la démocratie bourgeoise, le mot d'ordre de gouvernement ouvrier constitue le moyen approprié pour atteindre une nouvelle étape de la séparation des larges masses prolétariennes d'avec la bourgeoisie et un nouveau point de départ, plus élevé, pour son mouvement vers la dictature prolétarienne » [8].
A cette étape, politique, du mot d'ordre de gouvernement ouvrier doivent correspondre des revendications de transition qui définissent à la fois ce que doit être son programme et ce que les masses ouvrières doivent arracher par leur propre lutte, avant la dictature du prolétariat : saisie des valeurs réelles et participation majoritaire de l'Etat à toutes les entreprises, syndicalisation ou trustification des entreprises sous contrôle ouvrier par l'intermédiaire des comités d'usine, levée du secret des banques, du secret de la fabrication et du secret commercial, établissement du monopole d'Etat du ravitaillement et institution du rationnement sous contrôle ouvrier, établissement d'un monopole d'Etat du commerce extérieur et des banques, sous contrôle ouvrier exercé notamment par les employés de banque [9]. Ces mesures, qui constituent l'organisation d'un capitalisme d'Etat, ne sortent donc pas du cadre capitaliste, mais elles constituent un puissant facteur de radicalisation et de mobilisation des masses en même temps qu'elles suscitent une résistance de la bourgeoisie, qui ouvre elle-même la voie à la guerre civile. Le projet de programme précise :
« Dans le cours de cette lutte, le gouvernement ouvrier sera contraint, pour pouvoir survivre, de surmonter sa propre dualité, contradictoire, de briser effectivement la machine d'Etat bourgeoise et de faire des conseils ouvriers les détenteurs de tout le pouvoir d'Etat » [10].
Le 10 octobre, à la veille du comité central, la direction du K.P.D. avait reçu une lettre de l'exécutif qui posait nettement la question du gouvernement ouvrier et appelait des réponses concrètes. L'exécutif suggérait de faire de la saisie des « valeurs-or », réclamée par l'A.D.G.B. et susceptible de rassembler toutes les forces ouvrières, l'objectif central de sa lutte. Mais il lui demandait en même temps d'ouvrir dans sa campagne la perspective d'un gouvernement ouvrier, formé des représentants des partis et syndicats ouvriers, qui inscrirait cette revendication à son programme. L'exécutif estimait que le parti communiste devait être prêt à soutenir un tel gouvernement si ce dernier s'engageait à œuvrer également pour le désarmement des groupes armés contre-révolutionnaires et la réorganisation de la Reichswehr sous contrôle des syndicats [11].
La direction du parti communiste allemand reste très réticente, et pas seulement son aile gauche [12]. Bientôt la crise ministérielle ouverte par la démission du cabinet Wirth va poser la question en termes concrets. Le parti social-démocrate se bat pour une « grande coalition » ; les partis bourgeois du centre sont tentés par un élargissement de la coalition vers la droite. La centrale rédige un appel aux travailleurs allemands dans lequel elle affirme qu'aucun parti ouvrier ne saurait assumer la responsabilité de contribuer, même indirectement, à l'entrée dans le gouvernement des hommes de la grande industrie et des banques. En même temps, elle propose un programme de lutte comprenant la saisie des valeurs réelles, la défense de la journée de huit heures, du droit de grève et de coalition, le désarmement et la dissolution des formations contre-révolutionnaires armées, la constitution de groupes ouvriers d'autodéfense, l'épuration de l'administration, de la police, de la justice, de l'armée de tous leurs éléments monarchistes et contre-révolutionnaires. Elle précise que la réalisation d'un tel programme ne saurait en aucun cas être l'œuvre d'un gouvernement issu de combinaisons parlementaires, mais seulement « d'un gouvernement reposant sur la solide puissance extraparlementaire du prolétariat » [13]. Majoritaires et indépendants — qui se sentent visés et désirent mettre les communistes au pied du mur — demandent alors au K.P.D. dans quelle mesure il serait disposé à entrer dans un « gouvernement purement socialiste » : ils reçoivent une réponse négative et rompent immédiatement les discussions [14].
Cependant, les dirigeants communistes prennent conscience du caractère contradictoire de leur position qui appelle les autres partis ouvriers à constituer un gouvernement auquel ils se refusent d'avance à participer. Un éditorial de Die Rote Fahne précise que les communistes, tenus de se borner à une « opposition loyale » à un « gouvernement purement socialiste », seraient prêts à modifier leur attitude si ce dernier engageait sérieusement la lutte contre la bourgeoisie [15].
La centrale se résout alors à étudier la question sous tous ses aspects, et à soumettre au comité central des thèses sur la question du gouvernement ouvrier qui seront publiées dans sa presse avant la réunion [16]. Le texte proposé part de la constatation qu'il est impossible au prolétariat d'entreprendre la lutte pour le pouvoir sans être préalablement libéré des « illusions bourgeoises-démocratiques ». C'est sous cet angle qu'il aborde la signification du mot d'ordre de gouvernement ouvrier. Les thèses reflètent toutes les contradictions passées et présentes qui pèsent sur le parti, son déchirement entre, d'une part, sa condamnation passée de la déclaration d'opposition loyale et le risque, toujours réel, de compromission avec les dirigeants de la droite social-démocrate, et, d'autre part, l'apparente logique qui conduit de la stratégie du front unique des organisations ouvrières au mot d'ordre de gouvernement de ces mêmes organisations ouvrières pour la réalisation des revendications de ce front unique. Ces contradictions se traduisent dans des affirmations soigneusement balancées, celle selon laquelle un gouvernement ouvrier pourrait « constituer un rempart de la bourgeoisie contre les masses prolétariennes », et cette autre selon laquelle il serait capable de mettre fin à la domination des monopoles et constituerait ainsi un pas en avant dans une situation où la dictature du prolétariat et le pouvoir des conseils ne sont pas à l'ordre du jour. La conclusion est donc prudente : les communistes ne s'opposeront pas à la formation de gouvernements purement socialistes et même la faciliteront, dans la mesure où cette formation dépendra en partie d'eux. Ils soutiendront sans réserve les gouvernements socialistes dans le cadre des Länder, comme moyen de mobiliser les masses :
« Dans la mesure où il dépend des communistes que soit élu un gouvernement purement bourgeois, un gouvernement de coalition, ou un « gouvernement purement socialiste », ils faciliteront l'élection d'un « gouvernement purement socialiste », Ils auront le devoir de le soutenir dans toutes les mesures qu'il prendra dans l'intérêt de la classe ouvrière » [17].
Mais les thèses excluent catégoriquement la participation des communistes à de tels gouvernements, dont elles estiment qu' « ils ne sauraient jouer leur rôle révolutionnaire que si les communistes se tiennent à l'extérieur et travaillent à les pousser en avant par leurs critiques » [18].
Là encore, l'impulsion va venir de l'exécutif, Le 7 novembre, Radek adresse à Die Rote Fahne un article consacré à cette question, traçant les grandes lignes d'une campagne pour la formation en Allemagne d'un gouvernement ouvrier. Ce dernier mot d'ordre constitue, selon lui, « l'unique moyen praticable et réel de conquérir la majorité de la classe ouvrière à l'idée de la dictature du prolétariat ». Les communistes doivent élaborer dans ce but un « programme de transition » qui puisse servir à élever les masses de la défense de leurs intérêts immédiats à la compréhension de la nécessité de la lutte pour le pouvoir. Dans une telle perspective, le gouvernement ouvrier est le couronnement de l'édifice : il constitue pour Radek « la concrétisation de la tactique de la lettre ouverte » dans une situation nouvelle, et aussi « la réalisation du mot d'ordre du 3° congrès mondial : vers les masses ! » [19]. Le 10 novembre, il adresse à la centrale une lettre dans laquelle il s'en prend aux conceptions, selon lui schématiques, qui inspirent les thèses proposées au comité central. Dans la mesure en effet où il est clair désormais que le passage de l'actuelle situation à la dictature du prolétariat ne pourra se faire sans une période de transition, il lui semble nécessaire d'admettre que le gouvernement ouvrier constitue la meilleure des transitions, l'étape intermédiaire entre la dictature de la bourgeoisie et celle du prolétariat. La défense, par les partis communistes, du mot d'ordre de gouvernement ouvrier ne contredit en rien son objectif final de république des conseils, mais constitue au contraire le moyen de s'en rapprocher et de la préparer. Il ne s'agit pas seulement pour le parti communiste de faciliter la formation d'un gouvernement ouvrier, mais bien d'user de tout son poids pour atteindre cet objectif. Le parti doit donc s'engager d'avance à soutenir loyalement le gouvernement ouvrier qu'il réclame. Allant plus loin, Radek s'élève contre la conception exprimée dans les thèses de la centrale selon laquelle le parti communiste ne saurait en aucun cas participer à un gouvernement ouvrier. Il écrit :
« Le parti communiste peut appartenir à n'importe quel gouvernement disposé d'abord à lutter contre le capitalisme. (...) Le parti n'est pas opposé par principe à la participation à un tel gouvernement. Il se situe certes pour sa part sur la base du gouvernement des conseils, mais cela ne signifie pas par quelle voie la classe ouvrière va vers le gouvernement des conseils. (...) La participation du parti communiste à un tel gouvernement dépendrait donc de la situation concrète » [20].
Il invite le parti allemand à élaborer des thèses qui ne soient pas « non pour les neuf dixièmes » et à donner une réponse positive sur cette question, non pas « en rabâchant de vieux principes et de vieilles considérations », mais en faisant un nouveau pas en avant :
« Cela ne peut se faire que si la masse voit que nous voulons changer les choses de la façon qui est possible aujourd'hui, c'est-à-dire non à travers de la propagande sur ce qui nous sépare d'elles, mais par la réalisation et l'approfondissement de ce que les masses considèrent comme une issue possible à cette situation » [21].
Radek précise qu'il écrit à titre personnel, n'ayant pu consulter Zinoviev absent, mais qu'il a discuté de ce problème avec Lénine en présence de Pieck, Heckert et Brandler : Lénine l'a approuvé, avec cette réserve qu'il est mal informé et n'a pas entendu d'arguments opposés [22].
C'est finalement la position de Radek que la centrale défendra devant le comité central [23], où se déroule une vive discussion, animée notamment par l'opposition de Ruth Fischer. Celle-ci critique vigoureusement la conception qui consiste à faire campagne pour des revendications économiques et lui oppose la nécessité d'une campagne politique pour un « gouvernement socialiste », qu'elle considère comme synonyme de la dictature du prolétariat :
« C'est parce que, aujourd'hui, nous ne pouvons pas dire « république des conseils », ni non plus « conseils politiques » que nous devons vêtir nos mots d'ordre communistes-politiques sous la forme du « gouvernement ouvrier » qui, en fait, doit faire la même chose » [24].
La nouvelle résolution de la centrale, définissant le mot d'ordre de gouvernement ouvrier est adoptée par 31 voix contre 15 : elle met l'accent sur la nécessité du soutien, mais ne mentionne pas une éventuelle participation [25]. En fait, le tournant est pris. Le 8 décembre 1921, la circulaire n° 2 de la centrale développe le mot d'ordre tel qu'il est désormais intégré dans la panoplie de la propagande et de l'agitation du parti :
« La poussée vers le front unique doit trouver son issue politique dans un gouvernement ouvrier socialiste qui doit prendre la place du gouvernement de coalition. ( ... ) Le K.P.D. doit dire aux travailleurs qu'il est prêt à appeler à la formation d'un gouvernement ouvrier socialiste avec tous les moyens parlementaires et extra-parlementaires, qu'il est également prêt à entrer dans un tel gouvernement s'il a la garantie qu'il représente les intérêts et les revendications de la classe ouvrière contre la bourgeoisie, qu'il saisira les valeurs réelles, poursuivra les kappistes, libèrera de prison les ouvriers révolutionnaires, etc. » [26].
A partir de cette date, le mot d'ordre est repris par les cheminots grévistes, par le congrès national des conseils d'usine, partout défendu par les militants communistes comme le couronnement concret, la traduction sur le plan gouvernemental de la stratégie du front unique, l'équivalent du mot d'ordre bolchevique de 1917 de rupture de la coalition avec la bourgeoisie.
Cependant les communistes prennent grand soin de souligner que, pour eux, le gouvernement ouvrier doit reposer sur des bases extra-parlementaires de classe, et non sur une simple coalition parlementaire. Le problème concret leur est alors posé de l'attitude à observer lorsque les partis ouvriers obtiennent la majorité absolue dans un Landtag. Faut-il refuser la qualité de gouvernement ouvrier à un gouvernement « purement socialiste » constitué sur la base des résultats d'élections démocratiques, mais sans que soient apparus les conseils ouvriers auxquels un gouvernement ouvrier devrait frayer la voie ? Faut-il ou non soutenir de tels gouvernements ? Comment justifier éventuellement aux yeux des travailleurs — notamment de ceux qui veulent des gouvernements socialistes — un refus de voter pour un tel gouvernement qui rejetterait ispo facto le parti social-démocrate dans une coalition ou même rendrait le pouvoir aux partis bourgeois ? La question se pose très précisément en Saxe et en Thuringe.
Déjà en novembre 1920, les électeurs de Saxe avaient envoyé au Landtag une majorité « ouvrière » : 49 députés ouvriers, dont 27 majoritaires, 13 indépendants et 9 communistes, face à 47 députés de partis bourgeois [27]. Les social-démocrates de gauche avaient alors proposé un gouvernement de coalition des trois partis ouvriers, mais le K.P.D. avait refusé sur la base d'une expérience qui, disait-il, lui avait appris depuis 1918 qu'un « prétendu gouvernement ouvrier ne pouvait être que le gérant des intérêts de la classe capitaliste » [28]. Soucieux pourtant de n'apparaître pas comme responsable d'un retour des partis bourgeois au gouvernement du Land, il avait en même temps fait voter ses députés pour un ministre-président socialiste [29]. La situation était d'autant plus inconfortable que le gouvernement social-démocrate de Saxe avait nettement affirmé son refus de prendre les mesures de « politique ouvrière » réclamées par le K.P.D. [30], lequel avait ainsi donné en toute connaissance de cause ses voix à un adversaire du programme de front unique.
La question est reposée de façon beaucoup plus aiguë en juin 1921, où le K.P.D. se trouve placé devant l'alternative d'avoir à voter des mesures économiques proposées par le gouvernement social-démocrate qu'il désapprouve, afin de maintenir les social-démocrates au pouvoir, ou bien de renverser leur gouvernement et d'ouvrir ainsi au Landtag la voie de la constitution d'un gouvernement dont la politique serait plus réactionnaire encore [31]. Centrale et comité central se divisent sans aboutir à une décision au cours de discussions où Ernst Meyer s'oppose à Walcher, partisan du « soutien conditionnel » [32]. Ce sont finalement les députés communistes du Landtag de Saxe qui tranchent la question en sauvant le gouvernement social-démocrate [33].
En septembre 1921, les élections au Landtag de Thuringe posent le problème dans les mêmes termes qu'en Saxe en donnant la majorité absolue aux trois partis ouvriers. Les indépendants proposent la formation d'un gouvernement ouvrier. Le Polburo décide que les députés communistes voteront pour un ministre président social-démocrate ou indépendant, et qu'ils soutiendront tout gouvernement « ouvrier » menant une politique ouvrière conséquente » [34]. La centrale, puis le comité central l'approuvent, mais il faudra maintenir ce point de vue contre une résistance acharnée des responsables du district de Thuringe, qui refusent de cautionner la politique de leurs adversaires social-démocrates en contribuant à leur donner le gouvernement [35]. C'est que cette politique soulève l'opposition farouche de la gauche, pour qui elle constitue un premier pas vers un nouveau révisionnisme, une rechute dans la conception opportuniste des voies parlementaires vers le socialisme. La centrale et la majorité de la direction vont en effet plus loin dans leurs perspectives, puisque W.Tür peut écrire dans Inprekorr :
« En Allemagne, le gouvernement ouvrier est pleinement réalisable. Au Reichstag, les partis ouvriers n'ont pas, il est vrai, la majorité : ils pourraient cependant gouverner avec l'appui des masses, et une dissolution, suivie de nouvelles élections, leur donnerait à coup sûr la majorité » [36].
Les élections de 1922 au Landtag de Saxe rendent une position de principe absolument nécessaire. Sur 96 élus, il y a en effet 19 nationaux-allemands, 19 populistes et 8 démocrates, soit 46 députés bourgeois. Les social-démocrates ont 1 000 000 de voix et 40 députés, et les communistes 10 élus avec 268 000 voix [37]. Communistes et social-démocrates détiennent donc ensemble la majorité absolue. Sous la pression de son aile gauche qu'animent le Dr Erich Zeigner et le syndicaliste Georg Graupe, le parti social-démocrate offre au K.P.D. de former avec lui ce gouvernement dont la réalisation figure à son programme [38].
La question est âprement discutée dans les couloirs et les commissions du 4° congrès de l'Internationale. Une dépêche d'agence ayant annoncé que le gouvernement saxon a été remanié et que Brandler y est entré, la délégation allemande se réunit et Thalheimer déclare que c'est là une décision juste et qui s'imposait. La gauche proteste. Quarante-huit heures plus tard, on apprend que c'est seulement d'une éventuelle entrée des communistes dans le gouvernement de Saxe qu'il s'agit. La discussion reprend : on sait cette fois que les social-démocrates refusent obstinément le point 7, l'armement des ouvriers, et le point 10, le congrès des conseils d'usine de Saxe. Thalheimer et Ernst Meyer proposent que les communistes entrent dans le gouvernement sans ces deux conditions ; Ulbricht déclare même qu'en Thuringe le mot d'ordre d'« armement des ouvriers » est dénué de signification, puisque chaque ouvrier possède son fusil [39]. La délégation, contre les quatre voix de la gauche, se prononce pour l'abandon des points 7 et 10 et la formation d'un gouvernement socialiste-communiste. C'est alors que les Russes interviennent : pendant toute une soirée, ils argumentent contre Thalheimer et la majorité allemande. Lénine, Trotsky, Radek, Zinoviev, sont unanimes : il n'est pas question de céder sur ce point, et il faut s'en tenir, sous peine de se désarmer, à l'acceptation de conditions sévères. Les Allemands finissent par céder [40].
La direction allemande — formée d'une vingtaine de militants, parmi les plus importants [41] — joue le jeu, conformément à la décision arrachée à Moscou par les Russes. Elle accepte en principe, mais pose des conditions de programme : ravitaillement des non-possédants en vivres et produits alimentaires à bon marché, réquisition des logements vides ou insuffisamment occupés en faveur des familles ouvrières mal logées, réduction à huit heures de la journée de travail, institution du travail obligatoire pour tous, entre dix-huit et cinquante-huit ans, amnistie pour les prisonniers politiques, sauf les contre-révolutionnaires, dissolution de l' « aide technique d'urgence » (organisation de briseurs de grèves), organisation de l'autodéfense ouvrière, lutte contre la réaction à commencer par l'épuration de l'administration, confirmation obligatoire des lois votées par le Landtag par le congrès saxon des conseils d'usine, campagne nationale en commun pour un gouvernement ouvrier à l'échelle du Reich. Conformément à l'avis émis par l'exécutif, le parti communiste fait de ces conditions un minimum et souligne que huit des points qu'il propose figurent déjà dans le programme des syndicats saxons de l'A. D. G. B.
Les social-démocrates acceptent toutes les conditions, sauf l'avant-dernière [42]. Reconnaître aux conseils d'usine une compétence en matière législative serait donner au gouvernement ouvrier ainsi constitué une allure « soviétique » qui semble incompatible avec la Constitution. Comme les communistes tiennent bon, c'est l'échec, et les social-démocrates forment seuls un gouvernement de minorité autour de Buck, ministre-président et Richard Lipinski, dans lequel le leader de la gauche, le Dr Erich Zeigner, détient le portefeuille de la justice. La modération du programme proposé par le cabinet lui vaut l'abstention de quelques députés du centre, en nombre suffisant pour assurer son investiture. La perspective d'un gouvernement ouvrier en Saxe est provisoirement écartée.
A la fin de 1922 paraît à Moscou De la Nep au socialisme, œuvre d'Eugène Préobrajensky, qui vient d'être, pendant une année décisive, secrétaire du parti bolchevique. Vulgarisation scientifique se proposant d'expliquer la signification et les exigences de la nouvelle politique économique, il représente en même temps un effort pour la replacer dans la perspective de la révolution mondiale : le dernier chapitre est consacré à la révolution allemande.
La crise du capitalisme se prolongeant, une première période est caractérisée par ce que Préobrajensky appelle « la lutte spontanée de la classe ouvrière pour le capitalisme d'Etat » au cours de laquelle elle met en avant les mots d'ordre de nationalisation des chemins de fer, des mines et autres secteurs-clés de l'économie. Parallèlement se fait jour l'idée du gouvernement ouvrier. L'ouvrier-professeur Minaiev, auteur de la conférence historique de 1970 imaginée par Préobrajensky et déjà cité en tête de cet ouvrage, raconte en ces termes le début de la révolution allemande :
« Le gouvernement ouvrier se forma alors que le Parlement comportait une majorité bourgeoise. En fait, ce passage se réalisa en Allemagne au cours de la lutte du prolétariat contre la réaction qui avait relevé la tête. Ici avait pris naissance ce que l'on a appelé la « dyarchie », c'est-à-dire d'un côté le pouvoir des organisations ouvrières, de l'autre le pouvoir purement nominal du Reichstag. Dans cette période où la hausse du coût de la vie atteignit son point culminant, au milieu de la crise et de la plus grande agitation de la classe ouvrière, se manifestant par des démonstrations, des heurts avec la police et les éléments réactionnaires, ainsi que des grèves générales, alors qu'il semblait que l'édifice du capitalisme allemand était ébranlé jusqu'en ses fondations, le Reichstag, s'estimant heureux de pouvoir, avec la majorité des voix bourgeoises, se prononcer pour l'instauration du gouvernement ouvrier, lui vota la confiance. Ce gouvernement, au sein duquel les partisans de Scheidemann jouaient naturellement le rôle directeur, devint rapidement responsable en réalité non devant le Reichstag, mais devant le parti social-démocrate et les centrales syndicales » [43].
Le gouvernement ouvrier ainsi instauré ne représenterait pourtant pas le prolétariat, mais seulement ses directions bureaucratiques, et constituait en réalité « le dernier rempart de la société bourgeoise en lutte contre ce pouvoir ouvrier réel qui n'était pas encore instauré » [44]. La bourgeoisie comptait sur lui afin de préparer sa contre-attaque, notamment en s'appuyant sur les bandes fascistes bien décidées ; elle escompte d'autre part une rapide désillusion de la classe ouvrière :
« Les partis ouvriers une fois au pouvoir ne pourront rien faire pour améliorer réellement la situation des masses ouvrières, ils vont se compromettre et compromettre l'idée même de gouvernement ouvrier; après quoi viendra le moment de la reprise du pouvoir par un gouvernement purement bourgeois » [45].
Pourtant c'est le résultat inverse qui se produisit sur la base même des éléments qui avaient permis ce calcul :
« Les réformistes parvenus au pouvoir furent, en effet, très vite discrédités aux yeux des masses ouvrières. ( ... ) Très vite, les masses, même celles qui suivaient les partisans de Scheidemann, se mirent à reprocher à leurs chefs de n'avoir rien fait et de n'avoir pas voulu faire pression sur la bourgeoisie ni entreprendre l'édification véritable du socialisme. Ces masses se mirent rapidement à quitter le camp des réformistes pour rejoindre les communistes » [46].
Le gouvernement ouvrier au pouvoir est nargué par la bourgeoisie qu'il se refuse à combattre : la crise économique s'aggrave, les luttes de classes s'intensifient et les masses, se portant vers la gauche, réclament de plus en plus à leurs dirigeants une action énergique. La conséquence capitale de l'accès au pouvoir puis de l'impuissance du gouvernement ouvrier est donc la crise dans les rangs social-démocrates. Le conférencier de 1970 l'analyse en ces termes :
« D'une façon générale, on relevait trois tendances parmi les réformistes, leurs éléments de base inclus. La première cherchait à saboter la lutte avec le capitalisme et à dissuader les ouvriers d'entreprendre une action décisive. La deuxième voulait réaliser toutes les mesures devenues nécessaires contre la classe possédante et l'anarchie régnant dans la production et la répartition ; mais ce groupe espérait parvenir à « convaincre » les classes possédantes de céder sans combat. Enfin, le troisième groupe, manifestement déçu par les réformistes, allait à grands pas à la fusion avec les communistes. Presque toute la bureaucratie des syndicats et du parti des réformistes, et également presque toute leur intelligentsia, appartenaient aux deux premiers groupes ; quant à la plus grande masse des éléments de base du parti et des syndicats réformistes, elle était attirée par le dernier. Ce glissement des masses ouvrières vers la gauche apparaissait d'une façon particulièrement nette au cours des réélections courantes aux syndicats et aux conseils de députés ouvriers » [47].
Depuis l'arrivée au pouvoir des partis ouvriers, en effet, s'étaient partout constitués des conseils ouvriers solidement tenus par des majorités réformistes. La bataille avait pour enjeu l'éviction des réformistes du mouvement ouvrier lui-même. Lorsque les communistes s'emparaient de la majorité dans un soviet, ils passaient à l'action, dissolvaient les municipalités, légiféraient sur les loyers, les taxes locales, imposaient un service du travail. C'est l'ensemble de ces mesures adoptées par les soviets locaux et bientôt régionaux qui devait contraindre la bourgeoisie à tenter l'épreuve de force et à déclencher la guerre civile. Elle sera acharnée, commençant par l'insurrection armée des ouvriers dans les villes, se poursuivant par la conquête, château par château, domaine par domaine, de l'Allemagne rurale. Mais la guerre civile allemande sera aussi le signal de l'intervention franco-polonaise et d'une guerre européenne, qui sera en même temps une guerre civile puisque partout les prolétaires se soulèvent pour défendre les ouvriers allemands contre leur propre bourgeoisie [48].
L'essai de Préobrajensky montre comment les bolcheviks les plus responsables attendaient que se concrétisent, « vers la fin des années vingt » [49], dans un délai de six à sept ans, leurs perspectives, et à quels développements ils ajustaient d'avance des mots d'ordre comme celui de gouvernement ouvrier. Il reste que son estimation du rythme de la révolution européenne était loin de faire l'unanimité et qu'elle pouvait, à certains égards, sembler excessivement pessimiste et même empreinte de cet « opportunisme » dont la gauche accusait volontiers les Russes à cette époque.
C'est en effet sur la question du délai que s'affrontent, dans l'Internationale, les gauchistes et leurs adversaires bolcheviks. Polémiquant dans les colonnes de Bolchevik contre l'Autrichien Friedländer, Trotsky se risque sur ce point à un pronostic, précisément à la fin de l'année 1922. Pour lui, les seuls facteurs internes, la désagrégation de l'économie allemande, les progrès du parti communiste, pourraient rendre l'observateur optimiste et laisser prévoir le début de combats décisifs dans un délai relativement proche, moins d'une année, par exemple. Mais il s'attend à des retards :
« La menace d'une occupation militaire de la part des Etats occidentaux aura pour résultat de freiner le développement de la révolution allemande jusqu'au moment où le parti communiste français montrera qu'il est en état de paralyser ce danger et disposé à le faire » [50].
Cela ne signifie pas pour autant que la révolution allemande ne soit pas susceptible d'éclater avant la chute des gouvernements « impérialistes et agressifs » de France, d'Italie et de Grande-Bretagne, mais cela s'inscrit en faux contre les pronostics de Friedländer suivant lesquels la révolution est imminente en Allemagne. Trotsky précise :
« Il n'est guère de raison d'affirmer catégoriquement que la révolution prolétarienne triomphera en Allemagne avant que les difficultés intérieures et extérieures de la France n'amènent dans ce pays une crise gouvernementale et parlementaire » [51].
Dans ces conditions, les communistes allemands doivent se méfier du « radicalisme révolutionnaire » et du « gauchisme » qui, selon Trotsky, ne font que recouvrir « pessimisme et méfiance » :
« La bourgeoisie n'est pas pour nous une pierre qui roule au précipice, mais une force historique vive, qui manœuvre, avance tantôt sa droite et tantôt sa gauche. C'est seulement si nous apprenons tous les moyens et les méthodes politiques de la société bourgeoise, pour réagir chaque fois sans hésitation ni retard, que nous réussirons à accélérer le moment où, d'un mouvement précis et sûr, nous projetterons définitivement la bourgeoisie dans l'abîme » [52].
Vieille discussion qui, chez Trotsky et les dirigeants russes, exprime des inquiétudes renouvelées, nourries par l'expérience des dernières années, traduit aussi un certain optimisme, comme si le prolétariat détenait seul en définitive, le moyen d'éviter le choc prématuré. Dans le même Bolchevik, Radek tente de freiner les impatiences qui s'expriment dans le prolétariat et le parti allemand sous le poids d'une situation matérielle toujours plus difficile. Son aggravation, écrit-il, ne doit pas faire perdre de vue aux communistes leurs objectifs, ceux de l'étape qui préparera la prise du pouvoir et par-dessus laquelle ils ne peuvent sauter :
« Le parti communiste ne doit pas oublier qu'il ne représente pas encore la majorité de la classe ouvrière allemande et que sa tâche immédiate est de conquérir cette majorité et de nouvelles positions en vue de l'assaut prochain. ( ... ) Il doit s'opposer au putschisme autant qu'à la passivité » [53].
Quelques jours plus tard, l'occupation de la Ruhr par les troupes franco-belges allait renvoyer dos à dos les protagonistes.
Notes
[1] Die Rote Fahne, 20 octobre 1922.
[2] H. J. Krusch, Um die Einheitsfrond und eine Arbeiterregierung, p. 38.
[3] Inprekorr, 7 octobre 1922, p. 1297.
[4] Ibidem, p. 1307.
[5] Ibidem, p. 1305.
[6] Ibidem, p. 1306.
[7] Ibidem, p. 1307.
[8] Ibidem.
[9] Ibidem.
[10] Ibidem.
[11] Texte en russe, I.M.L., Moscou, n° 495/103/24 ; traduit et cité par A. Reisberg, « Zur Genesis der Losung Arbeiterregierung », BzG, n° 6, 1965, p. 1031.
[12] A. Reisberg (loc. cit, p. 1034) mentionne les craintes d'Ernst Meyer de se retrouver sur la route de l' « opposition loyale ».
[13] Die Rote Fahne, 25 octobre 1921.
[14] Selon le rapport d'Ernst Meyer au C.C. des 16 et 17 novembre, I.M.L.-Z.P.A., 2/8/1 et 2/8/2, pp. 15 sq., cité par Reisberg, Lenin und die Aktionseinheit, p. 109.
[15] Die Rote Fahne, 26 octobre 1921.
[16] Ibidem, 12 novembre 1921.
[17] Ibidem.
[18] Ibidem.
[19] Die Rote Fahne, 16 novembre 1921.
[20] I.M.L.-Z.P.A., 2/8/1 ; pp. 32 a, b, c, cité par Reisberg, op. Cit., p. 115.
[21] Ibidem, p. 116.
[22] Ibidem.
[23] Reisberg, op. cit., p. 117.
[24] I.M.L.-Z.P.A., 2/8/1, p. 204, cité par Reisberg, op. cit., p. 118.
[25] Die Rote Fahne, 22 novembre 1921.
[26] I.M.L.-Z.P.A., 3/1/25, pp. 51-52, cité par Reisberg, « Zur Genesis », p. 1038.
[27] Krusch, op. cit., p. 65.
[28] Cité par Böttcher. Die Internationale, n° 21, 1922. p. 472.
[29] Die Rote Fahne, 9 et 10 décembre 1920.
[30] Reisberg, « Zur Genesis ... », p. 1031.
[31] Ibidem, p. 1032.
[32] I.M.L.-Z.P.A., 3/1, pp. 62 et 2/7, pp. 172, 194, cités ibidem, p. 1032.
[33] Reisberg, p. 1033.
[34] I.M.L.-Z.P.A., 3/1/5, p. 11, cité par Reisberg, p. 1033.
[35] Ibidem, 3/1/5, pp. 25, 26, cité par Reisberg. p. 1033.
[36] W. Tür, Corr. int., n° 94, 6 décembre 1922, p. 716.
[37] R. Wagner, « Der Kampf um die proletarische Einheitsfront und Arbeiterregierung in Sachsen unmittelbar nach dem VIII, Parteitag der K.D.P. » (1), BzG, n° 4, 1963, p. 650.
[38] W. Tür, op. cit., p. 716.
[39] Die Lehren (Fischer), p. 50.
[40] Ibidem (Zinoviev), pp. 64-65.
[41] Zinoviev, ibidem, p. 64, parle de vingt dirigeants, « die autoritative Vertretung », présents à Moscou à cette date.
[42] W. Tür, Corr. Int., n° 94, 6 décembre 1922. p. 716.
[43] Préobrajensky, De la Nep au socialisme, p. 114.
[44] Ibidem, pp. 114-115.
[45] Ibidem, p. 115.
[46] Ibidem, p. 115.
[47] Ibidem, pp. 116-117.
[48] Ibidem, pp. 118-119.
[49] Ibidem, p. 114.
[50] « Demain », correspondance Friedländer-Trotsky, Corr. int., n° 96, 13 décembre 1922, p. 735.
[51] Ibidem, p. 736.
[52] Ibidem, p. 736.
[53] Corr. int., n° 94, 6 décembre 1922, p. 715.