1971 |
"L'histoire du K.P.D. (...) n'est pas l'épopée en noir et blanc du combat mené par les justes contre les méchants, opportunistes de droite ou sectaires de gauche. (...) Elle représente un moment dans la lutte du mouvement ouvrier allemand pour sa conscience et son existence et ne peut être comprise en dehors de la crise de la social-démocratie, longtemps larvée et sous-jacente, manifeste et publique à partir de 1914." |
Révolution en Allemagne
Pierre Broué
De la guerre à la révolution - Victoire et défaite du gauchisme
C'est dans cette atmosphère de confusion politique au sein de l'avant-garde révolutionnaire que s'élabore la fondation du parti communiste allemand. Ses préparatifs coïncident avec l'arrivée à Berlin de trois des délégués envoyés par Moscou pour représenter les soviets au congrès des conseils de Berlin : refoulés à la frontière, ils ont réussi à la passer clandestinement [1]. Ces hommes sont tous trois appelés à jouer un rôle dans le parti qui va naître. Le plus important est Karl Radek ; les deux autres, Krebs, dit aussi « Rakov » et « Félix Wolf », et Reuter-Friesland, ont été gagnés au bolchevisme en Russie même.
Le choix de ces émissaires n'est sans doute pas excellent. Félix Wolf ne connaît pas l'Allemagne. Friesland est lui aussi étranger au vieux noyau spartakiste et même au mouvement radical dont il était à l'écart avant guerre. Radek, en revanche, a été intimement lié à toute l'histoire de la gauche allemande, mais c'est précisément ce qui rend sa présence à certains égards peu opportune. Il est certes toujours lié aux communistes de Brême, mais il y a entre lui et Rosa Luxemburg et Jogiches une solide inimitié personnelle née des différends au sein de la social-démocratie polonaise, nourrie par l'« affaire Radek » à la veille de la guerre. Il a toutefois pour lui l'atout de ses liens avec Levi en Suisse pendant la guerre : c'est Levi qui aurait apaisé la colère de Rosa Luxemburg fulminant contre l'envoi d'un « commissaire » [2], c'est lui qui accueille, introduit et escorte Radek [3]. Et puis, surtout, il faut admettre que les envoyés de Moscou, quelles que soient leurs personnalités, ont pour eux d'être les hommes de confiance du parti bolchevique dirigeant de la révolution russe et que ce simple fait leur confère une autorité immense aux yeux des révolutionnaires allemands. Karl Radek a rédigé de sa rencontre avec les dirigeants allemands un récit vivant et ému [4] : à part une gêne dans les premiers instants, les souvenirs des querelles passées ne semblent pas peser d'un poids bien lourd en considération des tâches de l'heure et, après un échange de vues sur la situation en Russie - la présence de son ami Djerzinski à la tête de la tchéka surprend Rosa Luxemburg et sur les questions politiques allemandes du moment, la discussion porte sur l'attitude à prendre à l'égard de la convocation de la Constituante et sur la nécessaire fondation d'un parti communiste [5].
Dans l'immédiat, les principaux obstacles ne viennent pas des spartakistes, mais des « communistes » de l'I.K.D. Ces derniers n'ont pas oublié les désaccords de 1917 à propos des indépendants, ni surtout leur déception lorsque les spartakistes ont décidé en novembre dernier de demeurer au sein de ce parti. Malgré les décisions qui viennent d'être adoptées à la conférence des I.K.D., Johann Knief est hostile à la fusion avec Spartakus. Il s'en explique sans détours avec Radek qui a fait le voyage de Brême [6]. Il estime que le gouvernement Ebert-Haase ne va pas tarder à être débordé par le mouvement des masses, et que la variante la plus probable est l'établissement d'un gouvernement plus à gauche, Ledebour-Liebknecht-Luxemburg, né de ce qu'il appelle « l'impatience révolutionnaire », qui ferait courir le risque de discréditer les partisans des conseils et les véritables communistes. Il pense que l'heure des révolutionnaires véritables - lui et les siens - ne sonnera qu'après l'échec de ce gouvernement. En outre, s'il est partisan en Allemagne de la constitution d'un parti bolchevique, il juge impossible qu'un tel parti comprenne Rosa Luxemburg et ses partisans, qu'il estime étrangers à l'esprit du bolchevisme. Il explique en même temps à Radek que la révolution prolétarienne ne saurait vaincre en Allemagne que sur la base d'un large mouvement de masses et qu'on a tout à redouter du rigoureux centralisme qu'un Leo Jogiches ne manquerait pas d'instaurer dans un parti constitué avec les spartakistes. La discussion entre les deux hommes est dure, mais elle se termine par un compromis : plutôt que d'affronter en son vieil ami Radek le porte-parole des bolcheviks sur la question de la centralisation du parti révolutionnaire, Knief s'abstiendra d'intervenir et d'exposer sa position personnelle [7].
La deuxième conférence des I.K.D. se tient en définitive à Berlin du 15 au 17 décembre, avec des délégués de Brême et Hambourg, de Rhénanie, Saxe, Bavière, Wurtemberg et Berlin, les restes du groupe de Borchardt, moins son chef de file, les amis et partisans de Knief, Frölich, Laufenberg, Otto Rühle. La majorité des délégués admettent que la prochaine rupture des spartakistes avec les indépendants fait disparaître la principale divergence et l'obstacle essentiel à la constitution d'un parti unifié [8], Knief est intervenu pour proposer la participation des révolutionnaires à la campagne électorale pour la Constituante, mais il est mis en minorité. Il saisit alors cette occasion pour refuser d'être délégué au congrès de fusion, et c'est Paul Frölich, partisan du boycottage, qui reçoit le mandat de représenter les communistes de Brême dans la direction unifiée à élire [9]. Radek développe avec éloquence ses arguments en faveur d'une fusion qui n'a que trop tardé, selon lui [10]. Certaines questions fondamentales qui séparent spartakistes et communistes de Brême, comme celle des syndicats, ne paraissent pas avoir été abordées.
La direction spartakiste est d'ailleurs également divisée. Rosa Luxemburg et Leo Jogiches semblent avoir été initialement hostiles à la fusion avec les « communistes », et Jogiches l'avoir même combattue vigoureusement jusqu'au bout. Il pense en effet qu'il faut rester au sein du parti indépendant jusqu'à son prochain congrès, afin d'entraîner à cette occasion tous les éléments de la gauche qui risquent d'y demeurer si les spartakistes rompent prématurément. Clara Zetkin dira à ce sujet en 1921 :
« Peu de temps auparavant, je m'étais entretenue avec la camarade Luxemburg. Elle-même, et plus vigoureusement encore le camarade Jogiches, estimaient que c'était à partir du congrès du parti social-démocrate indépendant que nous devrions rompre avec lui et nous constituer en parti communiste. » [11]
Clara Zetkin n'est pas présente au congrès de fondation ; elle assure d'ailleurs n'avoir pas été prévenue qu'il allait se tenir [12]. Selon Fritz Heckert, elle se serait écriée en apprenant la décision prise : « Les imbéciles ! » [13]. Mais là encore, l'intervention de Radek, avec, derrière lui, le prestige des vainqueurs d'octobre 1917, est décisive, et Rosa Luxemburg se laisse convaincre de ne pas attendre le congrès indépendant pour rompre. Elle manifeste cependant d'importantes divergences en ce qui concerne l'étiquette à adopter pour le nouveau parti. Eberlein, dont le témoignage sur ce point est corroboré par celui de Levi, résume en ces termes sa position :
« Le parti communiste russe est encore le seul dans l'Internationale. Les partis de la II° Internationale vont le combattre sans merci. Le devoir des communistes est d'arracher les partis socialistes de l'Europe occidentale à la II° Internationale afin de fonder une nouvelle Internationale révolutionnaire. Le parti communiste russe n'y arrivera jamais à lui tout seul. Le fossé est profond entre lui et les partis socialistes d'Occident, surtout français, anglais et américain, à nous, révolutionnaires allemands, de constituer le trait d'union entre les révolutionnaires de l'est de l'Europe et les socialistes encore réformistes d'Occident ; c'est à nous de hâter la rupture de ces socialistes avec le réformisme. Nous nous acquitterons mieux de notre devoir en qualité de « parti socialiste ». Si nous nous présentons comme un « parti communiste », l'étroitesse de nos liens avec les Russes compliquera notre tâche en Occident. » [14]
Finalement, la centrale repousse par 4 voix contre 3 - Paul Levi s'abstenant - la proposition de Rosa Luxemburg d'appeler « socialiste » le nouveau parti [15]. Le 29 décembre 1918 - le jour même de la démission des indépendants du gouvernement Ebert -, la conférence de la Ligue Spartakus approuve, par 80 voix contre 3, la proposition de quitter le parti social-démocrate indépendant pour fonder un parti communiste [16]. L'unification de Spartakus et des I.K.D., la fondation du parti communiste allemand, sont acquises : il reste à savoir quels éléments indépendants de gauche le rallieront et surtout quelles positions il va prendre face aux problèmes qui se posent en cette fin d'année 1918.
Commentant, le 24 décembre 1918, les positions de Münzenberg dans l'Internationale des jeunes, Johann Knief écrit qu'elles ne sont pas encore « dans l'esprit des communistes » [17]. L'opposition principale se situe pour lui entre spartakistes et communistes. Pourtant le congrès de fondation va démontrer qu'en réalité ce sont les gauchistes qui l'emportent dans le nouveau parti aussi bien sur l'état d'esprit spartakiste - Rosa Luxemburg - que sur l'état d'esprit communiste tel qu'il pense l'exprimer lui-même : car les chefs de file du courant gauchiste sont issus aussi bien de Spartakus, comme les Berlinois Schröder et Wendel, que des I.K.D., comme Otto Rühle, Frölich ou Werner Möller.
Le congrès se réunit à Berlin, le 30 décembre 1918 : aux 83 délégués de Spartakus s'en ajoutent 29 des I.K.D. La capitale est toute bruissante encore des violents incidents de Noël. La démission des ministres indépendants semble ouvrir une nouvelle étape de radicalisation des masses. Paul Levi décrira plus tard en ces termes l'atmosphère :
« L'air de Berlin (...) était empli de tension révolutionnaire. (...) Il n'y avait personne qui n'eût le sentiment que l'avenir immédiat allait voir se produire de nouvelles grandes manifestations et de nouvelles actions. (...) Les délégués qui représentaient ces masses jusqu'alors inorganisées venues à nous seulement dans l'action, par elle et pour elle, ne pouvaient absolument pas comprendre qu'une nouvelle action, facilement prévisible, pourrait aboutir non pas à la victoire, mais à des reculs. Ils n'envisageaient même pas en rêve de suivre une tactique qui aurait laissé une marge de manoeuvre au cas où ces reculs seraient produits. » [18]
Le premier rapport est présenté par Liebknecht : il s'agit de « la crise de l'U.S.P. » et de la décision à prendre pour l'organisation d'un nouveau parti. Le ton est très dur. Il retrace la politique passée de l'opposition centriste, dans laquelle il rappelle que se trouvent de nombreux révisionnistes, tant chez les dirigeants que dans la masse des adhérents, et qualifie son activité passée de « crétinisme parlementaire ». Il fait le procès de la conception « puérile et mécaniste » qui a prévalu dans la préparation de l'insurrection de novembre : « incompréhension de la signification éminente de l'action de masse elle-même, surestimation des activités bureaucratiques, parlementaires et autres » [19]. Rappelant que les spartakistes ont, dans le passé, joui d'une totale liberté d'action dans le parti indépendant, il précise :
« Nous avons adhéré à l'U.S.P. afin de pousser en avant sous nos coups tout ce qui pouvait l'être, afin de faire avancer les éléments valables et de les rallier (...), afin de pouvoir gagner les forces révolutionnaires les plus importantes possibles et les rassembler dans un parti prolétarien unitaire, révolutionnaire. C'était un travail de Sisyphe » [20].
Après avoir fait le procès des indépendants, « feuille de vigne » et couverture d'Ebert-Scheidemann depuis le 9 novembre, et rappelé le refus de l'exécutif de convoquer le congrès du parti, il conclut que le parti indépendant est moribond et que la masse de ses adhérents qui ne se préparent pas à rompre avec lui est en train de retourner dans le camp des majoritaires. Il se prononce donc pour une rupture immédiate et claire et pour la fondation d'un nouveau parti, et il présente une résolution en ce sens [21]. Le titre de « parti communiste d'Allemagne (Spartakus) » est préféré, après une brève discussion, à celui de « parti ouvrier communiste d'Allemagne », et aussi à celui de « parti communiste révolutionnaire d'Allemagne » proposé par la commission préparatoire [22].
Radek intervient alors, au nom des soviets russes. Après avoir retracé dans sa crudité la situation de la Russie, il s'attache à montrer les difficultés qui attendent un parti faible, né cependant au bon moment, celui de la crise mondiale la plus grave. Il termine en ouvrant la perspective de l'Internationale :
« La social-démocratie allemande, elle est morte. Elle était l'autorité dans tout le monde ouvrier. Il n'y a plus d'autorité, aucune section de l'Internationale n'aura désormais la signification qu'avait l'allemande. L'Internationale sera une ligue de classes ouvrières dans laquelle chacune saura pourquoi elle lutte et suivra son propre chemin, qui sera pourtant le même que celui des autres. » [23]
L'après-midi du 30 décembre, c'est à Paul Levi qu'il revient de présenter le rapport de la centrale sur la question des élections à la Constituante. Il commence par expliquer un point sur lequel apparemment l'ensemble des délégués sont d'accord : le rôle assigné à la Constituante par la bourgeoisie allemande et ses agents. Et il s'écrie :
« La voie de la victoire du prolétariat ne peut que passer sur le cadavre de l'Assemblée nationale ! »
Mais c'est pour ajouter presque aussitôt :
« En dépit de tout cela, nous vous proposons de ne pas nous tenir à l'écart des élections à l'Assemblée nationale. » [24]
Dès cet instant, son rapport va être haché d'interruptions violentes et de protestations véhémentes. Il tente de démontrer de quelle façon la présence d'élus communistes au Parlement pourrait, à la différence de la vieille pratique social-démocrate, aider les combats révolutionnaires, et cite l'exemple des Russes, qui ont participé aux élections à l'Assemblée constituante avant de la disperser. On lui crie : « Faisons-le ! » Il répond :
« D'où tenez-vous que l'Allemagne tout entière soit aujourd'hui à un stade aussi avancé de la révolution que le croit le camarade ? » [25]
Il pense que les travailleurs pourraient effectivement renverser l'Assemblée à Berlin, en Rhénanie-Westphalie et en Haute-Silésie. Mais ces districts ne sont pas toute l'Allemagne. Les révolutionnaires n'ont absolument pas la force d'organiser un boycottage qui se retournerait contre eux. Encore interrompu, il poursuit néanmoins :
« La question est trop sérieuse. Nous voyons la situation ainsi : la décision sur cette question peut engager pour des mois le destin de notre mouvement. ( ... ) Pensez-donc à la situation telle qu'elle est : l'Assemblée nationale va se réunir. Elle se réunira - et vous ne pourrez pas l'empêcher. Pendant des mois elle dominera toute la vie politique allemande. Vous ne pourrez pas empêcher que tous les yeux soient fixés sur elle, vous ne pourrez pas empêcher que même les meilleurs de vos partisans, pour s'orienter, s'informer, prévoir, cherchent à savoir ce qui se passera dans l'Assemblée nationale. Elle sera dans la conscience des prolétaires allemands, et vous, contre ce fait, vous voulez vous tenir à l'extérieur, travailler de l'extérieur ? Mes camarades, vous voulez disperser l'Assemblée nationale. Que direz-vous si l'Assemblée nationale se réunit dans un endroit comme Schilda ? » [26]
Un nouvel interrupteur lui lance alors que, dans le cas où elle s'installerait dans une petite ville, la Constituante se condamnerait d'elle-même. Il permet à Levi de conclure qu'aucune force sociale ne se condamne jamais d'elle-même, surtout lorsqu'il s'agit d'une force aussi considérable que la bourgeoisie allemande, et que le devoir des communistes - qui ne croient pas au suicide de la bourgeoisie - est de se battre, partout où il faut, pour la révolution et le rassemblement des prolétaires pour la révolution. Le jeune orateur spartakiste vient sans aucun doute de réaliser un grand exploit oratoire. Mais la majorité des délégués sont convaincus que « le pouvoir est dans la rue » et ils ne tolèrent même pas l'expression du moindre doute à ce sujet.
Le rapport de Levi ouvre en tout cas un débat houleux qui coupe le congrès en deux parties inégales. Rosa Luxemburg confesse son amertume devant l'« extrémisme » de la majorité, sa tendance à « négliger le sérieux, le calme et la réflexion nécessaires ». Invoquant à son tour l'exemple des Russes, rappelant que la révolution allemande ne fait que commencer, alors que la révolution d'octobre 1917 avait commencé en 1905, elle affirme que les masses allemandes, qui n'ont pas eu suffisamment de temps pour développer le pouvoir de leurs conseils, ne sont pas mûres pour renverser l'Assemblée constituante. Elle relève des contradictions profondes dans l'argumentation des partisans du boycottage, qui redoutent le résultat des élections dans la conscience des masses et croient pourtant celles-ci suffisamment conscientes pour en empêcher la tenue [27]. Käthe Duncker dit à la majorité des délégués qu'ils veulent « ouvrir de force un bouton pas encore éclos » [28]. Heckert ironise sur la discrétion des radicaux et des gauchistes pendant la guerre, souligne que, même là où ils sont le plus forts, les communistes sont encore en minorité et que la majorité des travailleurs suit Ebert et Scheidemann. Il propose la participation aux élections, avec liste unique pour toute l'Allemagne, comprenant seulement les noms de Liebknecht et Rosa Luxemburg [29]. Liebknecht ne dissimule pas ses hésitations - qui sont de notoriété publique - mais, discipliné par rapport à la centrale, il rappelle longuement son propre rôle au Reichstag pour la mobilisation des masses contre la guerre. Toutes ces interventions, quand elles ne sont pas interrompues, sont fraîchement accueillies par les délégués.
En revanche, ils applaudissent follement les orateurs les plus gauchistes, comme Otto Rühle qui affirme que le prolétariat n'a pas à s'embarrasser, avec la Constituante, d'un « nouveau cadavre » et qu'il faut en finir avec « les compromissions et l'opportunisme ». Voulant réfuter les arguments de Levi sur l'utilisation de la tribune parlementaire, il proclame :
« Nous avons maintenant d'autres tribunes. La rue est la grandiose tribune que nous avons conquise, et que nous n'abandonnerons pas, même si on nous tire dessus. » [30]
La participation aux élections signifierait, pour ce partisan du « pouvoir dans la rue », la renonciation à la révolution. Aux propositions de Levi, il oppose une perspective insurrectionnelle àcourt terme :
« Si elle (l'Assemblée) allait à Schilda, nous aurions à nous établir en tant que nouveau gouvernement à Berlin. Nous avons encore quatorze jours. » [31]
Bien des interventions sont du même style. Si Léviné intervient pour dire que les spartakistes, trop faibles pour participer comme pour boycotter, doivent concentrer leurs forces dans l'agitation en faveur des conseils [32], d'autres invoquent la nécessité de garder les mains pures, l'incompréhension éventuelle des masses, et dénoncent dans la participation proposée un tournant brutal ou encore une chute dans l'opportunisme. Au terme du débat, le congrès repousse la résolution de Levi et adopte, par 62 voix contre 23, celle que lui a opposée Otto Rühle : le parti communiste ne participera pas aux élections [33].
C'est à ce point des débats, après ce vote qui donne satisfaction aux radicaux de gauche, que Karl Becker, au nom de l'I.K.D., annonce la décision de son groupe de rejoindre le nouveau parti [34]. La première journée du congrès s'achève par une importante victoire de l'aile gauchiste.
Le second jour, Lange présente un rapport sur les « luttes économiques ». Plus prudent que Levi, le rapporteur de la centrale, qui dénonce le rôle conservateur des bureaucrates syndicaux et leurs efforts pour transformer les comités d'usine en simples appendices des autorités patronales, évite de formuler une opinion sur la présence et l'action militante des révolutionnaires au sein des syndicats traditionnels [35]. Plusieurs délégués vont le lui reprocher. Rieger, de Berlin, estime incompatibles l'appartenance au parti communiste et à une organisation syndicale [36]. Paul Frölich affirme qu'il est impossible de reconquérir les syndicats de l'intérieur, qu'il faut lancer le mot d'ordre « Hors des syndicats ! » et s'attacher à bâtir dans les entreprises des « unions ouvrières » abolissant une fois pour toutes la frontière entre parti et syndicat [37]. Heckert s'oppose à ses arguments, souligne l'adhésion de larges masses aux syndicats, la nécessité de ne pas confondre leur rôle avec celui des comités d'usine, met en garde contre les dangers du mot d'ordre de sortie des syndicats [38]. Rosa Luxemburg critique la position de Frölich sur les « unions ouvrières », à qui elle reproche de chercher à additionner deux formes anciennes - parti et syndicat - au lieu de concentrer les forces prolétariennes sur les formes nouvelles, conseils d'ouvriers et conseils d'usine. Pas entièrement satisfaite du mot d'ordre « Hors des syndicats ! », elle convient néanmoins que leur « liquidation » est à l'ordre du jour [39]. C'est elle qui propose le renvoi en commission de cette question : le congrès, moins passionné que la veille, la suit [40].
Il l'acclamera longuement le lendemain, pendant et après son discours sur le programme, qui constitue pourtant une nette condamnation de l'orientation gauchiste de la majorité. Pour elle, en effet, la fondation du parti communiste signifie à la fois l'érection du programme socialiste sur des bases nouvelles et la « reprise de la trame tissée par Marx et Engels » dans le Manifeste communiste [41]. Elle s'écrie :
« Le marxisme véritable combat ceux qui cherchent à le falsifier ; tel une taupe, il sape les fondements de la société capitaliste et, grâce à lui, la meilleure partie du prolétariat allemand marche aujourd'hui sous notre drapeau, celui de la tempête révolutionnaire ; même de l'autre côté, là où la contre-révolution semble encore toute-puissante, nous avons nos partisans, nos frères de combat à venir. » [42]
L'humanité est devant l'alternative de chute dans la barbarie ou de salut par le socialisme, nécessité historique pour la survie de l'humanité. C'est dans ce cadre que doit être analysée la situation en Allemagne :
« Le 9 novembre a été une révolution pleine d'insuffisances et de faiblesses (...) : pour les trois quarts, l'effondrement de l'impérialisme existant plutôt que la victoire d'un principe nouveau. » [43]
Malgré l'apparition des conseils d'ouvriers et de soldats, « mot-clef de cette révolution, qui lui a conféré sur-le-champ le cachet spécial de la révolution socialiste prolétarienne » [44], la première phase de la révolution a été caractérisée par des illusions, illusion du prolétariat et des soldats sur « l'unité sous le drapeau du socialisme », illusion d'Ebert que le « socialisme » ainsi brandi pourrait efficacement freiner la lutte de classes [45]. Les fusillades des 6 et 24 décembre ont de part et d'autre dissipé les illusions :
« C'est le plus grand profit que le prolétariat puisse retirer, cette mise en pièce de ses illusions, car il n'est rien qui soit aussi nuisible à la révolution que les illusions, rien qui lui soit plus utile que la vérité franche et claire. » [46]
La deuxième phase de la révolution a, selon Rosa Luxemburg, commencé avec le développement et la généralisation des grèves :
« Les grèves (...) deviennent de plus en plus le centre, l'essentiel de la révolution. C'est alors une révolution économique, et c'est par là qu'elle devient socialiste. La lutte pour le socialisme ne peut être menée que par les masses, dans un combat corps à corps contre le capitalisme, dans chaque entreprise, opposant chaque prolétaire à son patron. Alors seulement il s'agira d'une révolution socialiste. » [47]
C'est au cours de cette deuxième phase que le gouvernement Scheidemann disparaîtra. Et Rosa Luxemburg insiste sur cette idée qui lui parait l'antidote nécessaire aux illusions que nourrissent à l'évidence les délégués :
« Nous n'avons pas le droit de reprendre et de répéter l'erreur de la première phase de la révolution, celle du 9 novembre, de croire qu'il suffit en somme de renverser le gouvernement capitaliste et de le remplacer par un autre pour faire une révolution socialiste. (...) Nous devons donner aux conseils d'ouvriers et de soldats un pouvoir tel que le gouvernement Ebert-Scheidemann ou de tout autre semblable ne sera plus que l'acte final. » [48]
Le rapport se termine par une mise en garde contre ceux qui rêvent de renverser d'un coup le gouvernement Ebert :
« Au commencement était l'action, telle est la devise, et l'action, c'est que les conseils d'ouvriers et de soldats se sentent appelés à devenir le seul pouvoir dans l'Allemagne entière, et qu'ils apprennent à l'être. C'est la seule façon de miner le terrain, afin qu'il soit mûr pour le bouleversement qui doit couronner notre oeuvre. (...) L'histoire nous rend la tâche moins aisée que lors des révolutions bourgeoises, où il suffisait de renverser le pouvoir officiel au centre et de les remplacer par quelques douzaines d'hommes nouveaux. (...) Nous devons conquérir le pouvoir politique non par le haut, mais par le bas. (...) je ne me charge pas de prédire le temps que cette oeuvre exigera. Qui de nous fait le compte, qui se soucie de ce que notre seule vie suffise pour la mener à bien ? Il importe seulement de savoir avec clarté et précision ce que nous avons à faire. » [49]
Quelques instants plus tard, le congrès adopte le projet de programme publié dans Die Rote Fahne et qui précise sans ambiguïté :
« La Ligue Spartakus se refusera à accéder au pouvoir à la place des dirigeants actuels lorsque Scheidemann-Ebert auront fait leur temps. (...) Si Spartakus s'empare du pouvoir, ce sera sous la forme de la volonté claire, indubitable, de la grande majorité des masses prolétariennes, dans toute l'Allemagne, et pas autrement que sous la forme de leur adhésion consciente aux perspectives, aux buts et aux méthodes de lutte propagées par la Ligue. (...) La victoire de Spartakus ne se situe pas au début, mais à la fin de la révolution. » [50]
Plusieurs témoins ont rapporté l'amertume et le pessimisme exprimés au lendemain du congrès par Leo Jogiches. A ses yeux, la décision de ne pas participer aux élections à la Constituante constitue la preuve flagrante que la fondation du parti, avec les éléments qu'il rassemble, était prématurée [51]. Avec l'accord de Rosa Luxemburg, il demande à Clara Zetkin de ne pas rejoindre le parti communiste avant d'avoir pu s'exprimer au congrès prochain du parti indépendant [52]. Karl Radek est peut-être moins pessimiste, quoiqu'il ne puisse se défendre du sentiment de n'avoir pas en face de lui un véritable parti. « Le congrès », écrira-t-il plus tard, « démontra de façon aiguë la jeunesse et l'inexpérience du parti » [53]. Le sentiment dominant du congrès était son affirmation d'une solidarité totale avec la révolution russe, ce qui n'était pas négligeable. Mais les liaisons avec les masses étaient très faibles. Seul Liebknecht est irréductiblement optimiste : pour lui, la jeunesse est avec Spartakus, et il a la conviction que le rapport de forces changera vite à partir du moment où les indépendants auront été contraints de quitter le gouvernement [54].
Le fait que le congrès ait pu, d'un même mouvement, rejeter la proposition de la centrale, formulée par Levi, de prendre part aux élections, et adopter le programme présenté par Rosa Luxemburg, était incontestablement une manifestation d'inconséquence politique. Par ailleurs, le courant gauchiste dominant dans le congrès n'avait apparemment pas cherché non plus à s'assurer l'hégémonie dans la nouvelle centrale : c'était l'ancienne équipe spartakiste, moins Mehring, malade, et plus Frölich, représentant les anciens I.K.D., qui gardait les rênes [55]. Sans doute les anciens de Spartakus estimaient-ils jouir d'une autorité suffisante pour retenir le parti dans les voies de l'aventure qu'ouvraient certains de ses votes. Rien ne permet, semble-t-il, de penser qu'ils aient eu, ainsi que le suggère Rosenberg, la tentation d'une scission qui leur aurait permis d'échapper à la majorité gauchiste dont ils étaient en fait les otages [56].
La structure du nouveau parti est extrêmement lâche, pour ne pas dire inexistante, beaucoup plus proche en tout cas de celle du parti social-démocrate indépendant que de celle du parti bolchevique. La preuve en est fournie par le rapport d'organisation présenté par Eberlein, qui trouve très lourde la tâche de parler cartes d'adhésion et cotisations - après les discussions politiques des premiers jours. En rupture avec la tradition électoraliste de la social-démocratie, puisqu'il fait reposer l'organisation sur des groupes locaux et d'entreprise, il est en même temps empreint de la vieille hostilité des radicaux à la centralisation :
« Nous pensons qu'il faut mettre fin au vieux système de subordination des localités à la centrale, et que les différentes organisations locales et d'entreprise doivent avoir une pleine autonomie. Elles doivent être autonomes dans leur activité, et ne doivent pas toujours attendre ce qui sera ordonné de haut en bas. (...) La centrale assume principalement la tâche d'assurer une direction spirituelle et politique et de résumer ce qui se passe à l'extérieur. » [57]
Le rapport est à peine discuté : les échanges de vue et une brève altercation entre Ernst Meyer et Karl Becker démontrent tout au plus la totale impréparation des deux groupes sur ce terrain et l'imprécision de leurs conceptions. Les bases d'organisation du nouveau parti sont renvoyées pour étude et pour décision au prochain congrès. L'élection d'une centrale ne fait pas automatiquement d'elle la direction d'un véritable parti à l'échelle du pays.
Pourtant, la plus grave conséquence des décisions du 31 décembre se trouve dans l'échec des pourparlers avec les délégués révolutionnaires berlinois qui se déroulent pendant le congrès lui-même. L'enjeu était pourtant d'importance : Liebknecht dit que ces hommes constituent « les meilleurs et les plus actifs du prolétariat berlinois », qu'« ils dépassent de cent coudées les bonzes qui constituent les cadres du parti social-démocrate indépendant » [58], et que le travail qu'il a effectué avec eux a été « le chapitre le plus heureux de son activité de parti » [59].
Les discussions se déroulent entre une délégation spartakiste conduite par Liebknecht et une délégation du noyau des délégués révolutionnaires avec Däumig et Ledebour, Richard Müller, Nowakowski, Eckert, Scholze [60]. Elles sont interrompues à plusieurs reprises afin de permettre aux représentants des délégués de rendre compte à leurs mandants et de les consulter. Du côté des spartakistes, on s'est montré plein d'espoir sur la conclusion des négociations : on sait que ces militants, toujours formellement membres du parti indépendant, sont proches des spartakistes et qu'ils constituent en fait un groupe autonome, avec sa ligne politique, sa discipline propres. Mais Däumig et Ledebour, qui sont leurs conseillers politiques et leurs véritables dirigeants, n'ont jamais dissimulé leur méfiance, devenue, pour le second, une hostilité ouverte. Tous deux attaquent d'emblée en disant que la principale question est à leurs yeux celle de la participation aux élections à la Constituante. Mais un premier obstacle surgit quand les délégués révolutionnaires se voient offrir la participation de cinq d'entre eux aux commissions du congrès sur le programme et l'organisation : la représentation des militants berlinois en serait ainsi augmentée, perspective que le congrès ne serait pas prêt à accepter [61]. Richard Müller relance le débat en déclarant brutalement que la poursuite d'un travail en commun est subordonnée à l'abandon par Spartakus de son « ancienne tactique putschiste », de la poursuite des manifestations de rue, etc. Liebknecht répond que Richard Müller se fait dans cette affaire le porte-parole du Vorwärts [62]. Il est évident que les incidents de Noël, l'histoire du Vorwärts rouge, pèsent lourd aux yeux des délégués : malgré leur sympathie pour les idées défendues par les spartakistes, malgré leur attachement à Liebknecht après des semaines de travail en commun, les représentants des usines sont hostiles aux éléments aventuristes qui inspirent de telles actions et se réclament du spartakisme. Arthur Rosenberg écrit :
« Däumig, Ledebour et Richard Müller voulaient vraiment faire une politique communiste, mais ne voulaient rien avoir à faire avec le type que le public désignait comme spartakiste. » [63]
Formule sans doute plus valable pour le délégué moyen que pour ces trois dirigeants, dont Liebknecht souligne d'ailleurs qu'ils n'ont pas exactement la même attitude, Ledebour montrant le visage d'un ennemi résolu et Däumig étant toujours très fraternel et proche [64].
Quoi qu'il en soit, les conditions posées par les délégués révolutionnaires expriment cette profonde méfiance : ils demandent l'abandon de la décision de boycottage des élections, l'établissement de la commission du programme sur une base paritaire, la définition précise, élaborée en commun, de la « tactique de rue », l'accès de leurs représentants aux comités de rédaction de la presse et des tracts, la disparition, enfin, dans le titre du nouveau parti, de la référence à Spartakus [65]. Sans doute, ces conditions sont-elles de celles qu'un vieux-bolchevik accepterait sans hésiter, et auxquelles un vieux spartakiste ne trouverait pas grand-chose à redire. Mais elles sont inacceptables pour la majorité des congressistes, dont l'attitude ironique à l'égard de ces négociations est d'ailleurs l'un des symptômes qui paraissent le plus alarmant à Radek [66].
Liebknecht et la délégation communiste n'ont même pas eu besoin de rendre compte au congrès et de le consulter pour prendre acte de l'échec des pourparlers : il n'y a, sur cette question capitale, aucun débat dans le congrès, en fait hostile depuis le début à la fusion avec les délégués [67].
C'était là sans doute l'échec majeur des communistes allemands. La fondation d'un véritable parti communiste dans l'Allemagne de 1919 était difficilement concevable sans la participation de ces délégués ouvriers qui avaient la confiance du prolétariat berlinois, dont ils avaient dirigé les luttes pendant la guerre et les journées révolutionnaires. Quelques individus seulement, Paul Eckert, Fritz Winguth, Paul Weyer, vont rejoindre le K.P.D.(S.), auquel le noyau, et les milliers de militants qu'il influence, vont tourner le dos et tenir rigueur de ce qu'ils considèrent comme une véritable opération scissionniste [68]. Coupé de ces militants organisateurs de la classe ouvrière, cadres authentiques et indispensables d'un parti ouvrier révolutionnaire, les dirigeants spartakistes - et ils en avaient sans doute conscience - étaient sans prise sur le mouvement profond des travailleurs dans les entreprises. D'un autre côté, privés de têtes politiques, ou plutôt à la remorque des hésitants de la gauche indépendante, les admirables combattants des usines berlinoises allaient s'empêtrer dans les exigences contradictoires d'une situation infiniment plus complexe que celle de la guerre au cours de laquelle ils avaient gagné leurs galons et leur autorité. Entre les deux groupes, d'autant plus rivaux qu'ils étaient proches, apparaissait en outre, dans une situation explosive, le risque d'une surenchère et d'une concurrence à gauche, considérablement accru par l'état d'esprit gauchiste qui débordait tous les groupes politiques. Le parti communiste, à peine né, déjà isolé des masses, s'était condamné à l'impuissance avant d'avoir commencé à agir. Les événements de janvier et l'assassinat de Liebknecht et Rosa Luxemburg allaient l'achever. L'acte décisif était à recommencer.
Pourtant Lénine, apprenant la tenue du congrès dont il ignorait encore le contenu et le caractère, exultait, le 12 janvier, dans une « Lettre aux ouvriers d'Europe et d'Amérique » qu'il était en train de rédiger :
« Lorsque la Ligue Spartakus allemande, conduite par ces chefs illustres, connus du monde entier, ces fidèles partisans de la classe ouvrière que sont Liebknecht, Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, Franz Mehring, eût rompu définitivement tout lien avec les socialistes comme Scheidemann, (...) lorsque la Ligue Spartakus se fût intitulée parti communiste allemand, alors la fondation de la III° Internationale, de l'Internationale communiste, véritablement prolétarienne, véritablement internationale, véritablement révolutionnaire, devint un fait. Formellement, cette fondation n'a pas été consacrée, mais, en réalité, la III° Internationale existe, dès à présent. » [69]
Notes
[1] Brandt et Lowenthal, op. cit., p. 113 ; Radek, November..., pp. 128-132. Hermann Osterloh, un des dirigeants des prisonniers de guerre et de la section allemande, faisait partie de la délégation, mais ne put pénétrer en Allemagne (Brandt & Lowenthal, op. cit., p. 122).
[2] Ch. Beradt, Paul Levi, p. 43, sans référence à aucun document.
[3] Radek, November..., pp. 132-133.
[4] Radek, op. cit., pp. 133, 134.
[5] Ibidem, p. 134.
[6] Ibidem, p. 135.
[7] Ibidem, p. 135.
[8] Der Kommunist, Brême, n° 5, 1918 ; Dok. u. Mat., II/2, pp. 609-613 pour la résolution adoptée.
[9] Vorwärts und..., p. 176.
[10] Ill. Gesch., p. 264 ; Jogiches était également présent.
[11] Protokoll des Dritten Kongresses der K.I., p. 668.
[12] Ibidem, p. 669.
[13] Ibidem, p, 541.
[14] « Spartakus und die Dritte Internationale », Inprekorr, n° 28, 29 février 1924, pp. 306-307.
[15] Ibidem, p. 307.
[16] H. Duncker, in 1918. Erinnerungen von Veteranen, pp. 23-24. Les trois voix hostiles étaient celles de Jogiches, Werner Hirsch, et d'un délégué de Mühleim, Meister, vraisemblablement Minster (W. Hirsch, Die Rote Fahne, 30 décembre 1928).
[17] Der Kommunist, de Brême, 24 décembre 1918, cité par Babette Gross, op. cit., p. 88.
[18] Rapport au II° congrès de l'I.C. Archives Levi, p 124/8, p. 4.
[19] Der Gründungsparteitag der K.P.D. Protokoll und Materialen, pp. 52-55. Nous nous référons à ce texte établi par Hermann Weber d'après la sténographie retrouvée dans les archives de Levi, plutôt qu'au très incomplet Bericht über den Gründungsparteitag établi, pendant la répression qui suivit les journées de janvier, par des secrétaires de séance.
[20] Ibidem, p. 56.
[21] Ibidem, p. 63-65.
[22] Ibidem, p. 66.
[23] Ibidem, p. 86. Cette curieuse description de l'Internationale ne correspond en rien au « parti mondial de la révolution socialiste » souhaité par Lénine. Radek formulera plus tard des définitions très différentes.
[24] Ibidem, p. 90.
[25] Ibidem, p. 93.
[26] Ibidem, p. 95. On sait qu'en fait, et pour éviter la pression ouvrière à Berlin, elle devait se réunir à Weimar.
[27] Ibidem, pp. 99-104.
[28] Ibidem, p. 113.
[29] Ibidem, pp. 113-117.
[30] Ibidem, p. 98. Le 10 janvier 1919, Rühle appellera à une manifestation de rue à Dresde. Elle sera accueillie devant l'immeuble du journal social-démocrate par une fusillade qui fera 12 morts et 52 blessés. Rühle sera arrêté, puis relâché après le rétablissement de l'ordre (Drabkin, op. cit., pp. 521-522).
[31] Ibidem.
[32] Ibidem, pp. 109-113.
[33] Ibidem, p. 135.
[34] Ibidem, pp. 135-136.
[35] Ibidem, pp. 138, 149.
[36] Ibidem, p. 159.
[37] Ibidem, pp. 152-154.
[38] Ibidem, pp. 160-162.
[39] Ibidem, pp. 162-164.
[40] Ibidem, p. 165.
[41] Ibidem, p. 172.
[42] Ibidem, p. 180.
[43] Ibidem, p. 182-183.
[44] Ibidem, p. 185.
[45] Ibidem, p. 184.
[46] Ibidem, p. 186.
[47] Ibidem, p. 189.
[48] Ibidem, pp. 196-197.
[49] Ibidem, pp. 198-199.
[50] Ibidem, p. 301.
[51] Frölich, op. cit., p. 345.
[52] Protokoll Ill..., p. 668.
[53] Radek, November..., p. 136.
[54] Ibidem,
[55] Sont élus à la centrale : Hermann Duncker, Käte Duncker, Eberlein, Frölich, Lange, Jogiches, Levi, Liebknecht, Luxemburg, Meyer, Pieck, Thalheimer (Bericht p. 45). Le passage correspondant, manquant dans les papiers de Levi, est reproduit dans Der Gründungsparteitag..., pp. 261-262. Bricianer se trompe donc quand il dit (op. cit., p. 158, n. 1) que Paul Levi était au printemps 1919 membre de la centrale parce qu'il y avait été «admis par cooptation ».
[56] Rosenberg, op. cit., p. 322.
[57] Der Gründungsparteitag..., p. 248.
[58] Ibidem, p. 276.
[59] Ibidem, p. 277.
[60] Ibidem, p. 270.
[61] Ibidem, p. 271.
[62] Ibidem, p. 271.
[63] Rosenberg, op. cit., p. 323.
[64] Der Gründungsparteitag..., p. 275.
[65] Ibidem, p. 273.
[66] Radek, November..., p. 136.
[67] Bricianer se croit de ce fait autorisé à écrire que Liebknecht s'obstina «contre la vœu de la majorité à mener en secret de vaines négociations avec certains chefs des indépendants et des fonctionnaires syndicaux de gauche » (op. cit., p. 142. C'est nous qui soulignons).
[68] Les archives de l'I.M.L.-Z.P.A. à Berlin contiennent le protocole de la réunion des délégués du I° janvier après la rupture des négociations (D. Do VI/Mappe 54). Drabkin (op. cit., pp. 461-462, n. 6) résume les débats : Ledebour, Wegmann, Eckert et Däumig se prononçaient pour la fondation d'un nouveau parti révolutionnaire, qui irait aux élections ; une minorité était pour l'entrée dans le K.P.D. ; la majorité se prononça finalement pour rester dans l'U.S.P.D.