1848-49 |
Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution... Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec. |
La Nouvelle Gazette Rhénane
Le ministère d'action
Cologne, 7 juillet
Nous avons une nouvelle crise ministérielle. Le ministère Camphausen est renversé, le ministère Hansemann a trébuché. Le ministère d'action a vécu huit jours malgré tous les remèdes de bonne femme, emplâtres de beauté, procès à la presse, arrestations, malgré la prétentieuse arrogance avec laquelle la bureaucratie a relevé sa tête couverte de la poussière des dossiers, elle qui méditait une vengeance brutale et mesquine pour avoir été détrônée. Le « ministère d'action », composé exclusivement de médiocrités, était au début de la dernière séance de l'Assemblée ententiste encore assez ingénu pour se croire inébranlable.
À la fin de la séance il était complètement disloqué. Cette séance, riche de conséquences, convainquit le président du Conseil von Auerswald de remettre sa démission; le ministre von Schreckenstein, lui non plus, ne voulut pas rester plus longtemps le caudataire d'Hansemann, et c'est ainsi qu'hier le ministère au complet se rendit chez le roi, à Sans-Souci. Ce qui y fut convenu, nous l'apprendrons d'ici demain.
Notre correspondant à Berlin écrit dans un post-scriptum :
« Le bruit se répand à l'instant que Vincke, Pinder, Mevissen ont été convoqués en grande hâte pour aider à constituer un nouveau ministère ».
Si ce bruit se confirme, nous serons donc enfin parvenu du ministère de médiation à un ministère de la contre-révolution, en passant par le ministère d'action. Enfin ! Le très bref sursis imparti à cette contre-révolution ministérielle suffirait pour que les nains qui au moindre coup de vent de la réaction relèvent la tête, apparaissent au peuple grandeur nature.