1848-49 |
Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution... Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec. |
La Nouvelle Gazette Rhénane
Position des partis à Cologne
Cologne, 16 juin
Nous avons eu ici il y a quelques jours une élection partielle qui démontre de façon éclatante combien la position des partis a changé depuis les élections générales [1].
Müller, directeur de police, suppléant à l'Assemblée de Francfort, avait été élu à Gummersbach, député à celle de Berlin.
Trois candidats étaient en présence. Le parti catholique avait présenté M. Pellmann; le parti constitutionnel (la Ligue civique [2]), M. Fay, avocat; le parti démocratique, M. Schneider II, avocat, président de la Société démocratique de Stollwerk [3].
Au premier tour (140 votants) M. Fay a eu 29 voix, M. Pellmann 34, M. Schneider 52. Les autres voix étaient dispersées.
Au second tour (139 voix) M. Fay a eu 14 voix, M. Pellmann 59 M. Schneider 64. Le parti démocrate avait donc une majorité qui allait croissant.
Au troisième tour enfin (138 voix) M. Fay n'avait plus aucune voix, M. Schneider en avait 55, M. Pellmann 75.
Ces messieurs de la Ligue civique avaient donc, par peur des démocrates de Stollwerk, donné leurs voix au candidat catholique.
Ces scrutins démontrent combien l'opinion publique a changé ici. Aux élections générales, les démocrates étaient partout en minorité. Pour cette élection partielle, le parti démocrate était de loin le plus fort des trois partis en compétition et ne pouvait être vaincu que par une coalition contre nature des deux autres partis. Nous ne faisons pas grief au parti catholique d'avoir accepté cette coalition. Nous nous contentons de souligner le fait que les constitutionnalistes ont disparu.
Notes
[1] Dans cet article, on compare les résultats des élections du 14 juin à l'Assemblée nationale de Francfort et ceux des élections du 10 mai à la même assemblée.
[2] Après la révolution de mars il se créa en Prusse des organisations de la bourgeoisie libérale modérée, appelées ligues civiques; elles se donnaient pour tâche de maintenir l'ordre et la légalité dans le cadre de la monarchie constitutionnelle et de combattre l'anarchie, c'est-à-dire le mouvement démocratique révolutionnaire.
[3] La Société démocratique de Cologne se réunissait dans la salle du « Café allemand » près de Stollwerk, d'où son nom. Elle fut fondée en avril 1848. Elle comprenait des petits bourgeois et des ouvriers. Marx et Engels en étaient membres et participaient activement à ses travaux. En avril 1849, lorsque Marx et Engels et leurs partisans décidèrent de fonder un parti prolétarien, ils quittèrent la Société démocratique.