1848 |
En marge de la "Nouvelle Gazette rhénane", l'activité de Marx-Engels au jour le jour...
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n°233, 28 février 1849
Cologne, le 27 février.
On a célébré avant-hier par un banquet à la salle Eiser l'anniversaire de la révolution française de février [1] . La grande salle qui contient 2 000 à 3 000 personnes était pleine à craquer.
Karl Marx, élu président par acclamations, dut refuser ayant un empêchement. Là-dessus, à la demande générale, Karl Schapper prit la présidence et ouvrit la séance en portant un toast aux mânes des victimes tombées en février et en juin à Paris et dans toutes les autres luttes révolutionnaires de 1848.
Ensuite le député de Cologne, l'avocat Schneider, prit congé de ses électeurs. De même le député Gladbach prononça quelques mots, revint sur les causes du succès de la dernière contre-révolution et engagea le peuple de Cologne, en cas d'éventuels nouveaux coups de force contre la Chambre, à se lever pour défendre ses représentants. (Ceci, en réponse à la dénonciation parue aujourd'hui dans la Kölnische Zeitung [2] .)
Les toasts suivants furent encore portés : par le Dr. Rittinghausen, à la république démocratique et sociale; par Friedrich Engels de la rédaction de la Nouvelle Gazette rhénane, aux Italiens en lutte et surtout à la république romaine; par C. Cramer, aux mânes de Robert Blum; par le député Wohler de l'Assemblée nationale de Francfort, à la démocratie allemande; par le commerçant Guffanti, à Ledru-Rollin et aux démocrates français; par l'ex-artilleur Funk avec un pereat aux tyrans; par le Dr. Weil, aux dames présentes; par le Dr. Becher, aux démocrates de toutes les nations; par le menuisier Kurth, à Kossuth et aux Magyars; par Schapper, aux prisonniers et réfugiés politiques, et notamment aux Allemands de Besançon [3] ; par l'ouvrier Carstens, à la future révolution sociale; par Ferdinand Wolff, rédacteur de la Nouvelle Gazette rhénane, au droit au travail; par l'ouvrier Haussmann, à l'unité; par C. Cramer, à Mieroslawski et aux combattants polonais de 1848; par l'aubergiste Kamp de Bonn, à la fraternisation de toutes les nations; par l'étudiant Blum, aux démocrates du Wuppertal; par l'ouvrier Muller, à Mellinet, Tedesco et aux quinze autres condamnés anversois de Risquons-Tout; par l'ouvrier Röser, aux mânes de Robespierre, Saint-Just, Marat et aux autres héros de 1793.
La fête, animée de temps en temps par la musique, l'hymne de la Marseillaise, le Chant des Girondins [4] , etc. et des chants de la chorale ouvrière sous la direction de M. Herx, se termina par des vivats portés à « la république démocratique et sociale universelle ».
Une collecte pour les réfugiés allemands de Besançon fut faite au cours de la séance et donna un résultat non négligeable.
Pendant toute la soirée les troupes étaient consignées et de fortes patrouilles parcouraient les rues, ce qui était toutefois davantage motivé par les rixes répétées des soldats entre eux que par le banquet.
Notes
[1]
À la séance du Comité de l'Union ouvrière de Cologne du 15 février 1849,
une commission composée de Schapper, Röser et Reiff fut élue sur la proposition d'Engels; elle devait entrer en rapport avec une des sociétés démocratiques pour
préparer un banquet à l'occasion de l'anniversaire de la révolution de février en France.
[2]
Dans la Kölnische Zeitung
n°49 du 27 février 1849)
on peut lire : « Parmi les orateurs, le député Gladbach se distingue par ses discours tonitruants contre la Maison de Hohenzollern,
le comte Brandenburg, etc. »
[3]
Il s'agit ici d'un groupe de gens ayant pris part au soulèvement dans le Bade en avril 1848; ils avaient émigré à Besançon.
Par la suite ce groupe, sous la direction de Willich, participa au soulèvement dans le Palatinat et le Bade sous le nom de
Compagnie de Besançon.
[4]
Chanson patriotique datant de la grande Révolution française et connue surtout par son refrain : « Mourir pour la patrie ».
Ce chant fut très populaire pendant la révolution de 1848.
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