1939 |
Lettre à G. Rosenthal (9831), dictée en français, avec la permission de la Houghton Library. |
Œuvres - avril 1939
Les motifs de Jeanne
Cher Ami,
Je n'ai pas souligné avec la vigueur nécessaire un fait très important concernant l'attitude de Mme Jeanne Molinier envers l'enfant. Ma femme et moi, nous avons beaucoup insisté après la mort de notre fils pour que son ancienne compagne vienne s'installer ici avec le garçonnet. Elle a refusé sous de vagues prétextes. Je lui ai proposé de venir pour quelque temps avec le garçonnet ou même seule [1]. J'ai écrit la même chose au petit en l'invitant à venir avec Jeanne [2]. Il m'a répondu que Jeanne ne viendrait pas. Tout cela avait pour moi une grande importance, car cela me donnait, malgré tout, la mesure de l'attachement de Jeanne Molinier à l'enfant. Elle n'a pas jugé possible de sacrifier quelques mois ou même quelques semaines pour s'entendre avec nous sur le sort de Siéva. Cela me force à croire qu'il s'agit moins d'un attachement quasi‑maternel pour l'enfant que de considérations d'un autre ordre, beaucoup moins louables. Trois faits m'en convainquent : la participation extrêmement active dans l'affaire de M. Raymond Molinier, la facilité avec laquelle Mme Jeanne Molinier a sacrifié la mémoire de mon fils à ses pires adversaires et calomniateurs [3], les tentatives répétées de Mme Jeanne Molinier et de M. Raymond Molinier de s'emparer de mes archives, lesquelles ne les concernent ni de près ni de loin [4].
Je ne veux pas émettre d'hypothèse, mais les faits eux-mêmes parlent clairement.
P.S. Tout ce que j'avance dans cette lettre ainsi que dans les précédentes peut être facilement démontré par la correspondance.
Notes
[1] Œuvres, 18, p. 303.
[2] Œuvres, 18, pp. 302‑303.
[3] Jeanne avait proposé d'introduire dans la commission chargée de régler la question des archives le Belge Vereeken que Trotsky accusait d'avoir calomnié Sedov et qui était effectivement son adversaire politique.
[4] Il est incontestable que les archives ne furent pas en réalité intégralement remises par Jeanne Molinier bien que toute la lumière ne soit pas faite sur leur itinéraire avec une absolue certitude.
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