L. Trotsky – Œuvres, 2 avril 1936

Je vous adresse sous ce pli, en deux exemplaires, les cinquante premières pages du manuscrit de mon travail sur l'U.R.S.S., afin que vous puissiez le présenter aux éditeurs intéressés [1]. Six mille francs est une somme inacceptable et cinq mille exemplaires un tirage misérable. Le livre ne fera pas plus de deux cents à deux cent cinquante pages et pourrait fort bien être vendu douze francs.

Le second, exemplaire doit aussi être utilisé par la suite pour la traduction en allemand. De toute manière, je n'ai pas d'éditeur allemand pour le livre. Pas de traducteur non plus. Si on trouve un éditeur, Adolphe ou Werner [2] pourraient peut‑être se faire quelque argent comme traducteurs.

Très important. Je n'ai pas la possibilité, ici, de trouver la moindre indication, statistique ou autre, même indirecte, sur la bureaucratie soviétique. Ne pourrait‑on pas en dénicher à Paris ? Peut‑être auprès des rédacteurs de ces tableaux statistiques qui sont vraiment excellents pour l'usage pratique. J'ai besoin de ces indications au plus tôt. Au moins quelques points de repère. Car ici, je n'ai rien, rien, rien.

Notes

[1] Trotsky avait déjà parlé à son fils de ce livre dans une lettre du 13 mars 1936.

[2] Adolphe était Rudolf Klement (1910‑1938), un étudiant allemand de Hambourg, qui avait été secrétaire de Trotsky en Turquie puis en France de 1933 à 1934 et était devenu ensuite secrétaire administratif du S.I. Werner désignait Werner Keller qui était l'un des pseudonymes de Jan Frankel (né en 1906). Ce dernier, ancien militant des J.C. tchécoslovaques, membre du groupe d'opposition de gauche organisé par H. Lenorovič avait été secrétaire de Trotsky de 1930 à 1933. Membre du S.I. en 1933-34, expulsé de France en 1934, il avait regagné Prague la même année. De juin à octobre 1935, il était allé à Hønefoss où il avait été de nouveau secrétaire de Trotsky.