1936 |
Lettre au SI. Traduite de l'allemand. |
Œuvres – mars 1936
Lettre au SI.
Chers Camarades,
Je ne saurais attirer plus énergiquement votre attention sur la lettre du camarade américain du 4 mars [1] (sur le déroulement et le résultat de la conférence du Workers Party des Etats‑Unis). Cette lettre est hautement caractéristique du tournant qui s'est produit dans le parti américain. Son auteur faisait partie des adversaires de l'entrée dans le parti socialiste, mais il s'est ensuite ravisé.
Le plus important est cependant ce qu'il dit de l'atmosphère générale qui règne dans le parti. Après un an de stagnation et de morosité, l'organisation voit une perspective devant elle. Même si l'entrée n'a pas de bien grands résultats ou, pire même, si elle n'a pas lieu du tout (ce qui n'est pas à exclure), la nouvelle expérience aura des effets bénéfiques et décisifs sur le développement ultérieur de l'organisation.
Je ne peux que souhaiter que cette expérience ait une influence analogue aussi sur notre direction internationale. Nous ne pouvons pas prescrire à nos sections les étapes qu'elles ont à parcourir d'après un itinéraire abstrait. C'est une erreur fatale que d'intervenir comme deus ex machina dans leur évolution interne. Si nous avions soutenu l'opposition à partir d'un principe purement abstrait (l' « indépendance »), nous aurions aujourd'hui uniquement la scission, sans avoir pour autant empêché l'entrée de la majorité dans le parti socialiste [2].
On ne peut intervenir avec succès que si on a une idée très claire de la logique du développement interne de telle ou telle section. Sinon, on court le danger de causer des dégâts.
Notes
[1] Il s'agit d'une lettre que Trotskv avait reçue d'Harold R. Isaacs. A son arrivée aux Etats‑Unis, retour de Chine via l'Europe, ce jeune militant s'était d'abord prononcé contre l'entrée dans le P.S. américain.
[2] C'était un peu ce qui s'était passé dans la section belge en 1935 puisque le S.I. (et Trotsky lui‑même) était très réservé sur l'entrée (à cause de ses conditions) et que la majorité était passée outre, cependant que la minorité Vereeken refusait de s'incliner.