1930 |
août 1930 : le combat pour unifier et souder l'Opposition de Gauche Internationale face à la montée de la bureaucratie stalinienne. |
Œuvres - août 1930
Staline et Roy
"Il est clair", a dit Molotov au 16° congrès, "que ce ne sont pas des gens comme Roy qui a défendu la politique d'un bloc avec la bourgeoisie nationale et est passé maintenant dans le camp des renégats droitiers qui pourraient créer un parti communiste en Inde".
Le bloc avec la bourgeoisie nationale qui est la base de la tactique de Staline et de Molotov en Chine, est inscrit dans le programme de l'I.C. Ou se peut-il que ce soit Roy qui ait rédigé le programme ? Ou bien l'actuel dirigeant de l'I.C. a-t-il simplement oublié le programme ? Ou bien veut-il le réexaminer ?
Le démocrate petit-bourgeois indien Roy considère, c'est bien connu, que, pour la cause de la révolution indienne, les communistes ne devraient construire ni un parti communiste, ni un parti prolétarien, mais un parti révolutionnaire populaire au-dessus des classes, un Kuomintang indien. Roy a été exclu de l'I.C. comme droitier. De façon générale, il n'y a pas de place pour les soutiens du Kuomintang dans une Internationale prolétarienne. Mais la question est que Roy n'a pas introduit sa grande idée sur l'incapacité du parti du prolétariat à diriger une révolution populaire, c'est-à-dire ouvrière et paysanne, dans l'I.C., il l'a tirée de l'I.C. Dès 1927, l'idée de Roy était officiellement acceptée. L'extrait suivant de l'organe dirigeant de l'I.C. sur les idées de Roy quant aux tâches de la révolution en Inde a paru en avril 1927:
"Le livre du camarade Roy est consacré à la question la plus centrale de la politique révolutionnaire contemporaine en Inde - la question de l'organisation d'un parti populaire représentant les intérêts des ouvriers, des paysans et de la petite bourgeoisie. La nécessité d'une telle organisation découle des conditions actuelles du mouvement révolutionnaire national en Inde".
Et plus loin:
"La tâche du prolétariat est donc d'organiser toutes ces classes et couches petites-bourgeoises en un seul parti populaire-révolutionnaire et de le conduire à l'assaut de l'impérialisme. Nous recommandons ce livre au lecteur qui veut avoir une conception nette et claire de l'état contemporain du mouvement national révolutionnaire en Inde, car il donne l'interprétation léniniste de la politique révolutionnaire contemporaine en Inde" (Kommunistitchsekii Internatsional, n° 15, 15 avril 1927, pp. 50 et 52)
Et comment l'organe de l'I.C. pourrait-il dire autrement ? L'idée de Roy était en fait l'idée de Staline. Le 18 mai 1927, Staline a répondu à une question des étudiants de l'université chinoise de Moscou sur le parti révolutionnaire dirigeant:
"Nous avons dit et nous disons encore que le Kuomintang est un parti d'un bloc de plusieurs classes opprimées (...) quand j'ai dit en 1925 du Kuomintang qu'il était le parti du bloc ouvrier et paysan, je n'avais pas du tout à l'esprit les caractères du véritable (?) état de choses dans le Kuomintang, les caractères des classes qui en fait adhéraient en 1925 au Kuomintang. Quand je parlais du Kuomintang, j'avais en tête le Kuomintang seulement comme modèle d'un type spécial de parti révolutionnaire populaire dans les pays opprimés d'Orient, surtout des pays comme la Chine et l'Inde, comme un type spécial de parti populaire-révolutionnaire qui doit compter sur l'appui d'un bloc révolutionnaire des ouvriers et de la petite-bourgeoisie de la ville et de la campagne".
Et Staline a terminé sa réponse en affirmant que le Kuomintang doit être encore à l'avenir un "type spécial de parti populairerévolutionnaire dans les pays d'Orient". L'excuse risible, pour ne pas dire sans scrupules, selon laquelle en 1925, Staline ne parlait pas du Kuomintang tel qu'il est mais du Kuomintang tel qu'il devrait être, s'explique par le fait que Staline devait se justifier devant des étudiants chinois après Tchang Kaï-Chek, alors que l'expérience avait déjà montré que le Kuomintang ne comprend pas seulement des classes opprimées, mais aussi leurs oppresseurs. Staline, cependant, n'a pas hésité. Il a simplement séparé l'idée pure du Kuomintang du fait vil et assuré que c'était là "le type de parti populaire-revolutionnaire" pour les parties de l'Orient en général. Cela signifie aussi la "Kuomintisation" de l'Inde.
Roy n'est rien qu'un bon disciple de Staline.