La
tâche la plus pressante du parti est d'organiser la résistance
du prolétariat à l'offensive du Capital, qui se
déploie en France comme dans les autres grands Etat
industriels. La défense de la journée de huit heures,
la conservation et l'augmentation des salaires acquis, la lutte pour
toutes revendications économiques journalières
constituent les meilleure plate-forme pour rassembler le prolétariat
dispersé, lui rendre la confiance en sa force et en son
avenir. Le Parti doit immédiatement prendre en mains
l'initiative des mouvements d'ensemble susceptibles de faire échec
à l'offensive du Capital et de rendre à la classe
ouvrière la notion de son unité.
Le
Parti doit mener campagne pour mettre en évidence devant les
travailleurs l'interdépendance du maintien de la journée
de huit heures et de la sauvegarde des salaires, la répercussion
inévitable de l'une de ces revendications sur l'autre. Il
doit saisir comme possibilités d'agitation, non seulement les
menées du patronat, mais aussi les atteintes portées
par l'Etat aux intérêts immédiats des ouvriers,
comme par exemple l'impôt sur les salaires, et toutes les
questions économiques intéressant la classe ouvrière,
telle que l'augmentation des loyers, les impôts de
consommation, les assurances sociales, etc.
Le
Parti entreprendra une active campagne de propagande dans la classe
ouvrière pour la création de Conseils d'usines
englobant des travailleurs de chaque entreprise, qu'ils soient ou ne
soient pas déjà organisés économiquement
ou politiquement, et destinés notamment à exercer un
contrôle ouvrier sur les conditions du travail et de la
production.
Les
mots d'ordre de lutte pour les revendications matérielles
pressantes du prolétariat doivent servir de moyens de
réalisation du front unique contre la réaction
économique et politique. La tactique du front unique ouvrier
sera la règle générale des actions de masse. Le
Parti doit créer des conditions favorables à la
réussite de cette tactique en entreprenant une préparation
sérieuse de sa propre organisation et des éléments
sympathisants, par tous les moyens de propagande et d'agitation dont
il dispose. La presse, les tracts, les brochures, les réunions
de toute espèce, tout doit concourir à cette
préparation que le Parti étendra à tous les
groupements prolétariens comptant des communistes. Le Parti
doit faire appel aux organisations ouvrières rivales
importantes, politiques et économiques, avec éclat et
sans jamais cesser de commenter publiquement ses propositions ou
celles des réformistes, les acceptations et les refus des uns
ou des autres. Il ne renoncera en aucun cas à son
indépendance complète, à son droit de critique
des participants à l'action. Il cherchera toujours à
prendre et à conserver l'initiative et à influer sur
toute autre initiative dans le sens de son programme.
Pour
se mettre en condition de participer à l'action ouvrière
sous toutes ses formes, de contribuer à l'orienter ou de
remplir dans certaines circonstances un rôle déterminant,
le Parti doit constituer sans perdre un jour, son organisation de
travail syndical. La formation de Commissions syndicales auprès
des fédérations et sections (décidée par
le Congrès de Paris) et de groupes communistes dans les
usines et grandes entreprises capitalistes ou étatiques, fera
pénétrer dans les masses ouvrières les
ramifications du Parti, grâce auxquelles celui-ci pourra
diffuser ses mots d'ordre et accroître l'influence communiste
sur le mouvement prolétarien. Les Commissions syndicales, à
tous les degrés de la structure du Parti et des syndicats, se
tiendront en liaison avec les communistes restés, d'accord
avec le Parti, dans la C.G.T. réformistes et les guideront
dans leur opposition à la politique des dirigeants officiels,
elles enregistreront les membres du Parti syndiqués,
contrôleront leur activité et leur transmettront les
directives du Parti.
Le
travail communiste dans tous les syndicats sans exception consiste
en premier lieu dans la lutte pour le rétablissement de
l'unité syndicale indispensable à la victoire du
prolétariat. Chaque occasion doit être utilisée
par les communistes pour montrer les effets néfastes de la
division actuelle et préconiser la fusion. Le Parti combattra
toute tendance à la dispersion de l'action, au morcellement
de l'organisation, au particularisme professionnel ou local, à
l'idéologie anarchiste. Il soutiendra la nécessité
de la centralisation du mouvement, la formation de vastes
organisations par industries, la coordination des grèves pour
substituer aux actions localisées et limitées, vouées
d'avance à l'insuccès, les actions d'ensemble
susceptibles d'entretenir la confiance des travailleurs dans leur
force. Dans la C.G.T. Unitaire, les communistes combattront toute
tendance contraire au ralliement des syndicats français à
l'Internationale Syndicale Rouge. Dans la C.G.T. réformiste,
ils dénonceront l'Internationale d'Amsterdam et les pratiques
de collaboration de classe des dirigeants. Dans les deux C.G.T. ,
ils préconiseront les démonstrations et actions
communes, les grèves en commun, le front unique, l'unité
organique, le programme intégral de l'Internationale
Syndicale Rouge.
Le
Parti doit tirer profit de chaque mouvement de masses spontané
ou organisé, revêtant une certaine ampleur, pour mettre
en lumière le caractère politique de toute lutte de
classe, et utiliser les conditions favorables à la
propagation de ses mots d'ordre de lutte politique, comme
l'amnistie, l'annulation du traité de Versailles,
l'évacuation de la rive gauche du Rhin par l'armée
d'occupation, etc.
La
lutte contre le traité de Versailles et ses conséquences
doit passer au premier plan des préoccupations du Parti. Il
s'agit de rendre active la solidarité des prolétariats
de France et d'Allemagne contre la bourgeoisie des deux pays,
profiteuse du traité. Pour cela, le devoir urgent du Parti
français est de faire connaître aux ouvriers et aux
soldats la situation tragique de leurs frères allemands,
écrasés sous les difficultés matérielles
de la vie résultant essentiellement des conséquences
du traité. L'Etat allemand ne satisfait aux exigences des
Alliés qu'en chargeant davantage la classe ouvrière.
La bourgeoisie française épargne la bourgeoisie
allemande, traite avec elle au détriment des ouvriers,
favorise son entreprise de mainmise sur les services publics et lui
garantit aide et protection contre le mouvement révolutionnaire.
Les deux bourgeoisies se préparent à conclure
l'alliance du fer français et du charbon allemand, à
s'entendre pour l'occupation de la Rhur qui signifiera la mise en
esclavage des mineurs du bassin. Le danger menace non seulement les
exploités de la Ruhr, mais encore les travailleurs français,
incapables de soutenir la concurrence de la main-d'œuvre
allemande, réduite pour les capitalistes français à
un bon marché exceptionnel grâce à la
dépréciation du mark. Le Parti doit faire comprendre
cette situation à la classe ouvrière française
et la tenir en garde contre le péril imminent. La presse doit
constamment décrire les souffrances du prolétariat
allemand, victime du traité de Versailles, et démontrer
l'impossibilité de réaliser le traité. Une
propagande spéciale doit être faite dans les régions
occupées militairement et dans les régions dévastées,
pour dénoncer les deux bourgeoisies comme responsables des
maux qui affligent ces contrées et développer l'esprit
de solidarité des ouvriers des deux pays. Le mot d'ordre
communiste doit être : fraternisation des soldats et des
ouvriers français et allemands sur la rive gauche du Rhin. Le
Parti se tiendra en liaison étroite avec le Parti frère
d'Allemagne pour mener à bien cette lutte contre le traité
de Versailles et ses conséquences. Le Parti combattra
l'impérialisme français, non seulement dans sa
politique à l'égard de l'Allemagne, mais dans ses
manifestations sur toute la surface du globe, en particulier les
traités de paix de Saint-Germain, Neuilly, Trianon et Sèvres.
Un
travail systématique de pénétration communiste
dans l'armée doit être entrepris par le Parti. La
propagande antimilitariste doit se différencier nettement du
pacifisme bourgeois hypocrite et s'inspirer du principe de
l'armement du prolétariat et du désarmement de la
bourgeoisie. Dans leur presse, au Parlement, en toute occasion
favorable, les communistes soutiendront les revendications des
soldats, préconiseront la reconnaissance des droits
politiques de ceux-ci, etc.. Lors des appels de nouvelles classes,
des menaces de guerre, l'agitation antimilitariste révolutionnaire
doit être intensifiée. Elle se fera sous la direction
d'un organe spécial du Parti, avec participation des
Jeunesses Communistes.
Le
Parti doit prendre en mains la cause des populations coloniales
exploitées et opprimées par l'impérialisme
français, soutenir leurs revendications nationales
constituant des étapes vers leur libération du joug
capitaliste étranger, défendre sans réserve
leur droit à l'autonomie ou à l'indépendance.
Lutter pour leurs libertés politiques et syndicales sans
restrictions, contre la conscription des indigènes, pour les
revendications des soldats indigènes, telle est la tâche
immédiate du Parti. Celui-ci doit combattre impitoyablement
les tendances réactionnaires existant même parmi les
éléments ouvriers et consistant dans la limitation des
droits des indigènes. Il créera auprès de son
Comité Directeur un organisme spécial consacré
au travail communiste dans les colonies.
La
propagande dans la classe paysanne, tendant à gagner à
la Révolution la majorité des ouvriers agricoles,
métayers et fermiers, et à acquérir les
sympathies des petits propriétaires, doit être
accompagnée d'une action pour l'obtention de meilleures
conditions de vie et de travail des paysans salariés ou
dépendant de gros propriétaires. Une telle action
exige que les organisations régionales du Parti établissent
et propagent des programmes de revendications immédiates
appropriées aux conditions spéciales de chaque région.
Le Parti doit favoriser les associations agricoles, coopératives
et syndicales qui vont à l'encontre de l'individualisme
paysan. Il doit particulièrement s'attacher à la
création et au développement des syndicats
professionnels parmi les ouvriers agricoles.
Le
travail communiste parmi les ouvrières est d'un intérêt
primordial et exige une organisation spéciale. Une commission
centrale auprès du Comité Directeur avec un secrétaire
permanent, des commissions locales de plus en plus nombreuses, un
organe consacré à la propagande féminine sont
nécessaires. Le Parti doit soutenir l'unification des
revendications économiques des ouvrières et des
ouvriers, l'égalisation des salaires pour un même
travail sans distinction de sexe, la participation des femmes
exploitées aux campagnes et aux luttes des ouvriers.
Il
faut consacrer au développement des Jeunesses Communistes des
efforts plus méthodiques et plus soutenus que le Parti ne l'a
fait dans le passé. Des rapports réciproques doivent
être établis entre le Parti et les Jeunesses
Communistes à tous les échelons de l'organisation. En
principe, la Jeunesse doit être représentée dans
toutes les commissions formées auprès du Comité
Directeur. Les fédérations, sections, propagandistes
du Parti ont l'obligation de donner leur aide aux groupes de
Jeunesses existants, d'en créer de nouveaux. Le Comité
directeur est tenu de veiller au développement de la presse
des Jeunesses et d'assurer à celles-ci une tribune dans les
organes centraux. Le Parti doit faire siennes dans les syndicats les
revendications de la jeunesse ouvrière conformes à son
programme.
Dans
les coopératives, les communistes défendront le
principe de l'organisation nationale unique et créeront des
groupes communistes reliés à la section coopérative
de l'Internationale Communiste par l'intermédiaire d'une
commission rattachée au Comité Directeur. Dans chaque
fédération, une commission spéciale doit se
consacrer au travail communiste dans les coopératives. Les
communistes s'efforceront d'utiliser la coopération comme
auxiliaire du mouvement ouvrier.
Les
élus au Parlement, aux municipalités, etc., doivent
mener la lutte la plus énergique liée étroitement
aux luttes ouvrières et aux campagnes conduites par le Parti
et les organisations syndicales hors du Parlement. Les députés
communistes, sous le contrôle et la direction du Comité
Central du Parti, les conseillers communistes municipaux, généraux
et d'arrondissement, sous le contrôle et la direction des
sections et des fédérations, doivent être
employés par le Parti comme agents d'agitation et de
propagande, conformément aux thèses du II° Congrès
de l'Internationale Communiste.
Le
Parti, pour s'élever à la hauteur des tâches
tracées par son programme et par les Congrès nationaux
et internationaux et pour se rendre apte à les réaliser,
doit perfectionner et renforcer son organisation, selon l'exemple
des grands partis communistes des autres pays et les règles
de l'Internationale Communiste. Il lui faut une centralisation
sévère, une discipline inflexible, une subordination
étroite de chaque membre du Parti, de chaque organisme à
l'organisme placé au-dessus. Il est indispensable aussi de
développer l'éducation marxiste des militants en
multipliant systématiquement les cours doctrinaux dans les
sections, en ouvrant des école du Parti, ces cours et ces
écoles étant mis sous la direction d'une Commission
Centrale du Comité Directeur.