1938 |
Le manifeste du marxisme révolutionnaire à l'époque de l'impérialisme - celle des guerres et des révolutions. |
Programme de Transition
Le prolétariat et ses directions
L'économie, l'État, la politique de la bourgeoisie et ses relations internationales sont profondément atteintes par la crise sociale qui caractérise la situation pré-révolutionnaire de la société. Le principal obstacle dans la voie de la transformation de la situation pré-révolutionnaire en situation révolutionnaire, c'est le caractère opportuniste de la direction du prolétariat, sa couardise petite-bourgeoise devant la grande bourgeoisie, les liens traîtres qu'elle maintient avec celle-ci, même dans son agonie.
Dans tous les pays, le prolétariat est saisi d'une profonde angoisse. Des masses de millions d'hommes s'engagent sans cesse sur la voie de la révolution. Mais, chaque fois, elles s'y heurtent à leurs propres appareils bureaucratiques conservateurs.
Le prolétariat espagnol a fait, depuis avril 1931, une série de tentatives héroïques pour prendre dans ses mains le pouvoir et la direction des destinées de la société. Cependant, ses propres partis - social-démocrate, stalinien, anarchiste et POUM, chacun à sa manière - ont joué le rôle de frein et ont ainsi préparé le triomphe de Franco.
En France, la puissante vague de grèves avec occupation des usines, particulièrement en juin 1936, a bien montré que le prolétariat était complètement prêt à renverser le système capitaliste. Cependant les organisations dirigeantes, socialistes, staliniennes et syndicalistes, ont réussi, sous l'étiquette du Front populaire, à canaliser et à arrêter, au moins momentanément, le torrent révolutionnaire.
La vague sans précédent de grèves avec occupation des usines et la croissance prodigieusement rapide des syndicats industriels (CIO) aux États-Unis sont l'expression la plus indiscutable de l'aspiration des ouvriers américains à s'élever au niveau des tâches que l'histoire leur a assignées. Cependant, ici aussi, les organisations dirigeantes, y compris le CIO nouvellement créé, font tout ce qu'elles peuvent pour contenir et paralyser l'offensive révolutionnaire des masses.
Le passage définitif de l'Internationale communiste du côté de l'ordre bourgeois, son rôle cyniquement contre-révolutionnaire dans le monde entier, particulièrement en Espagne, en France, aux États-Unis et dans les autres pays "démocratiques", ont créé d'extraordinaires difficultés supplémentaires au prolétariat mondial. Sous le signe de la révolution d'Octobre, la politique conciliatrice des "Fronts populaires" voue la classe ouvrière à l'impuissance et fraie la voie au fascisme.
Les "Fronts populaires" d'une part, le fascisme de l'autre, sont les dernières ressources politiques de l'impérialisme dans la lutte contre la révolution prolétarienne. Du point de vue historique, ces deux ressources ne sont cependant que des fictions. La putréfaction du capitalisme continue aussi bien sous le signe du bonnet phrygien en France que sous le signe de la swastika en Allemagne. Seul, le renversement du capitalisme peut ouvrir une issue.
L'orientation des masses est déterminée, d'une part, par les conditions objectives du capitalisme pourrissant; d'autre part, par la politique de trahison des vieilles organisations ouvrières. De ces deux facteurs, le facteur décisif est, bien entendu, le premier : les lois de l'histoire sont plus puissantes que les appareils bureaucratiques. Quelle que soit la diversité des méthodes des social-traîtes - de la législation "sociale" de Léon Blum aux falsifications judiciaires de Staline - ils ne réussiront jamais à briser la volonté révolutionnaire du prolétariat. De plus en plus, leurs efforts désespérés pour arrêter la roue de l'histoire démontreront aux masses que la crise de la direction du prolétariat, qui est devenue la crise de la civilisation humaine, ne peut être résolue que par la IV° Internationale.