1848-49 |
Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution... Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec. |
La Nouvelle Gazette Rhénane
Nouveautés
Cologne, 28 novembre.
Dans son numéro du 17 novembre, la Nouvelle Gazette rhénane disait : « Et maintenant quel sort est réservé aux Juifs qui depuis l'émancipation de leur secte ont pris partout la tête de la contre-révolution, soit directement, soit du moins par leurs meilleurs représentants ? On n'a pas attendu la victoire pour les rejeter dans leur ghetto. »
Nous citions alors les décrets du gouvernement Bromberg. Nous avons aujourd'hui à rendre compte d'un fait encore plus frappant. La grande loge maçonnique des trois couronnes à Berlin - on sait que le prince de Prusse est le chef suprême de la franc-maçonnerie prussienne tout comme Frédéric-Guillaume IV est le chef suprême de la religion prussienne - a mis la loge Minerve de Cologne en état d'inactivité. Pourquoi ? Parce que des Juifs y sont affiliés. Avis aux Juifs !
Une circulaire que nous avons eu par hasard sous les yeux et qui est adressée par le ministre Brandenburg à tous les collèges de gouvernement les invite à opérer des arrestations massives parmi les dirigeants des clubs.
On nous assure de bonne source que Cologne, Dusseldorf, Aix-la-Chapelle etc. recevront de la part de notre Très gracieux Souverain, comme cadeau de Noël, des troupes impériales et plus précisément des Autrichiens. Probablement des Croates [1], des Manteaux rouges, des Tchèques, des Serbes du Nord [2], etc. pour rétablir « l'ordre et le calme » dans la Province rhénane, comme à Vienne. Mais la Province rhénane a une frontière commune non avec la Russie, mais avec la France. Avis au Très gracieux Souverain !
Notes
[1] Les Croates étaient des soldats de l'armée autrichienne (cavalerie légère et infanterie) qui se recrutaient primitivement en Croatie. Les Pandours constituaient une formation militaire autrichienne : c'étaient des troupes d'infanterie particulièrement brutales.
[2] Il s'agit de Serbes du Nord, utilisés en Hongrie. On les appelait aussi : Raizen ou Razen.