1848-49

Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution...

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La Nouvelle Gazette Rhénane

K. Marx

Le Parquet et la Nouvelle Gazette rhénane

n° 149, 22 novembre 1848


Cologne, 21 novembre

Qui se trouve sur le terrain du droit, le Premier président Eichmann ou les rédacteurs de la Nouvelle Gazette rhénane ? Qui doit fouler le sol de la prison, les rédacteurs de la Nouvelle Gazette rhénane oule Premier président Eichmann ? Voilà la question soumise présentement à la décision du ministère public représenté par Zweiffel. Le ministère public représenté par Zweiffel se rangera-t-il aux côtés du ministère Brandenburg ou bien le Premier procureur Zweiffel prendra-t-il, en tant qu'ancien collaborateur de la Nouvelle Gazette rhénane [1], le parti de ses collègues ? Cette question est présentement soumise à la décision populaire.

La Nouvelle Gazette rhénane a poussé à la suspension des impôts avant la résolution de l'Assemblée nationale; elle se conformait à la loi avant même que le pouvoir législatif ne se soit prononcé. Et si cette anticipation de la légalité est une illégalité, alors la rédaction de la Nouvelle Gazette rhénane s'est tenue pendant six jours entiers sur un terrain illégal. M. Zweiffel aurait pu enquêter pendant six jours, mais le septième jour il aurait dû calmer son zèle d'inquisiteur.

Mais le septième jour après que la création eût été terminée, que M. Zweiffel eût fêté le sabbat et que l'Assemblée nationale eût fait une loi sur le refus des impôts, le président Eichmann s'adressa à M. Zweiffel pour enquêter sur les instigateurs du refus des impôts. Qui est l'instigatrice du refus des impôts ? La rédaction de la Nouvelle Gazette rhénane ou l'Assemblée nationale de Berlin ? Qui M. Zweiffel doit-il arrêter : ses anciens collègues, les députés de Berlin, ou ses anciens collaborateurs, les rédacteurs de la Nouvelle Gazette rhénane, ou le Préfet, M. Eichmann ? Jusqu'à présent, M. Zweiffel n'a encore arrêté personne.

C'est pourquoi nous proposons qu'un autre Zweiffel arrête M. Zweiffel, parce qu'il n'a pas arrêté les rédacteurs de la Nouvelle Gazette rhénane avant le sabbat, et qu'il n'a pas arrêté M. Eichmann après le sabbat.


Notes

[1] Il s'agit de la lettre que le procureur Hecker écrivit à la rédaction de la Nouvelle Gazette rhénane pour chercher à se disculper des accusations portées contre lui et le procureur Zweiffel. C'est cette lettre qui valut aux procureurs colonais le titre ironique de collaborateurs nouveaux et pleins de promesses de la N.G.R., que leur conféra ironiquement Marx. Cf. l'article : « Poursuites contre la Nouvelle Gazette rhénane », n° 37 du 7 juillet 1848.


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