1848-49 |
Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution... Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec. |
La Nouvelle Gazette Rhénane
Plus d'impôts !!!
Cologne, 16 novembre
Aucun journal n'est arrivé de Berlin à l'exception du Preussischer Staats-Anzeiger [1], de la Vossische Zeitung, et de la Neue Preussische Zeitung [2].
La milice civique a été désarmée dans le quartier du Conseil privé [3], mais dans ce quartier seulement. C'est le même bataillon qui, le 31 octobre, assassinait les ouvriers métallurgiste [4]. C'est un bien pour la cause du peuple qu'il ait été désarmé.
L'Assemblée nationale est de nouveau chassée par la force armée de l'Hôtel de ville de Kölln [5]. Elle s'est ensuite rendue à l'hôtel Mielenz où, à l'unanimité de ses 226 voix, elle a adopté la résolution suivante refusant les impôts [6] :
« Le ministère Brandenburg n'est pas habilité à disposer des fonds d'État ni à lever des impôts tant que l'Assemblée nationale ne peut continuer à tenir librement ses séances à Berlin.
Cette résolution entre en vigueur le 17 novembre.
(Assemblée nationale du 15 novembre) »
Donc, à partir d'aujourd'hui les impôts sont supprimés !!! Verser des impôts, c'est de la haute trahison, refuser les impôts c'est le premier devoir du citoyen !
Notes
[1] Le Preussischer Staats-Anzeiger était l'organe officiel du gouvernement. Il parut de mai 1848 à juillet 1851 à Berlin. De 1819 à avril 1848 le journal fut un organe semi-officiel du gouvernement prussien et parut sous le titre : Allgemeine Preussische Staats-Zeitung.
[2] Quotidien libéral modéré dirigé par C.-F. Voss.
[3] Ce qu'on appelait le quartier du Conseil privé était situé au sud-ouest de Berlin et était essentiellement habité par des fonctionnaires prussiens.
[4] Le 31 octobre une manifestation eut lieu à Berlin pour protester contre les cruautés de la contre-révolution autrichienne lors de la répression de l'insurrection de Vienne. Elle se termina par l'attaque brusquée et provocatrice du 8° bataillon de la milice civique contre les ouvriers métallurgistes sans armes. La réaction prussienne mit cette provocation à profit en remplaçant le ministère Pfuel par le ministère Brandenburg, ouvertement contre-révolutionnaire.
[5] L'Hôtel de ville de Kölln se trouvait au centre de Berlin qui, au milieu du XIX° siècle, conservait le vieux nom de Kölln ou de Altkölln. L'Hôtel de ville où l'Assemblée nationale prussienne siègea le 14 novembre 1848 fut détruit en 1890.
[6] La résolution sur le refus des impôts fut prise par l'Assemblée nationale le 15 novembre 1848 au cours de sa cent-deuxième séance dans la salle de l'hôtel Mielenz.