1965 |
"(...) de toute l'histoire antérieure du mouvement ouvrier, des enseignements de toute cette première période des guerres et des révolutions, de 1914 à 1938, analysés scientifiquement, est né le programme de transition sur lequel fut fondée la IV° Internationale. (...) Il est impossible de reconstruire une Internationale révolutionnaire et ses sections sans adopter le programme de fondation de la IV° Internationale comme base programmatique, au sens que lui conférait Trotsky dans la critique du programme de l'I.C. : définissant la stratégie et la tactique de la révolution prolétarienne." |
Défense du trotskysme (1)
Le "Néo-trotskysme" en quête d'un "néo-programme"
Tout cela est une vieille histoire, à ceci près que le réformisme classique a pris son essor au cours de la période ascendante du capitalisme, alors qu'actuellement, tous les problèmes du mouvement ouvrier aboutissent à l'alternative : détruire l'état bourgeois ou se faire détruire par lui. Se faire détruire ne signifiant pas nécessairement, tout au moins au premier stade, la disparition formelle, mais l'intégration à l'état. Voyons une fois encore comment Trotsky abordait ces problèmes :
« ... A l'époque actuelle, les syndicats ne peuvent pas être de simples organes de la démocratie comme à l'époque du capitalisme libre-échangiste, et ils ne peuvent pas rester politiquement neutres, c'est-à-dire se limiter à la défense des intérêts journaliers de la classe ouvrière. Ils ne peuvent pas être plus longtemps anarchistes, c'està-dire ignorer l'influence décisive de l'état sur la vie des peuples et des classes.
Ils ne peuvent pas être plus longtemps réformistes, parce que les conditions objectives ne permettent plus de réformes sérieuses et durables. Les syndicats de notre époque peuvent ou bien servir comme instruments secondaires du capitalisme impérialiste pour subordonner et discipliner les travailleurs et empêcher la révolution, ou bien au contraire devenir les instruments du mouvement révolutionnaire du prolétariat. »
(Les syndicats à l'époque de la décadence de l'impérialisme.)
C'est strictement ainsi que les appareils syndicaux agissent. A preuve, cet extrait d'une conférence de presse tenue par la Fédération nationale des cheminots C.G.T. le 24 février 1964, au cours de laquelle les responsables proposèrent un « plan de gestion démocratique » :
« L'Etat acquiert la totalité des titres de propriété de la S.N.C.F. et, en conséquence, les représentants des anciennes compagnies sont évincés du conseil d'administration. Un conseil d'administration triparti est mis en place et comprend : des représentants de l'Etat démocratique, des représentants du personnel élus par lui, des représentants des usagers désignés par les milieux de l'industrie, de l'agriculture et du commerce, par les associations d'usagers populaires.
Il est attribué un pouvoir de contrôle sur la gestion aux représentants des organisations syndicales représentatives et ce à tous les niveaux : direction générale, direction des grands services et des régions, directions d'arrondissements et d'établissements.
Ces représentants ont accès à tous les dossiers : trésorerie et comptabilité, accords commerciaux, investissements, projets de modernisation, achats, etc.
En outre, des représentants du personnel S.N.C.F. sont délégués au conseil d'administration de chaque société filiale de la S.N.C.F.
Dans le cadre des orientations générales fixées par l'Etat démocratique, la S.N.C.F. dispose de l'autonomie financière, commerciale, tarifaire et salariale compatible avec son rôle de service public.
Le budget d'exploitation de la S.N.C.F. est établi selon le principe d'équilibre entre les recettes et dépenses, il exclut toute prévision de déficit ».
Ce qui signifie en clair : « Faites-nous participer à la gestion (la co-gestion) et nous disciplinerons les travailleurs aux orientations générales fixées par l'Etat démocratique », « l'Etat démocratique » étant, bien entendu, l'état bourgeois. Les dirigeants syndicaux entrent ainsi dans le jeu des discussions sur la « planification démocratique », et formulent ainsi à leur manière le « contrôle ouvrier ». Ce sont des « revendications » « réformistes », présentées à la manière « réformiste », défendues de façon « réformiste » ; elles laissent toutes possibilités à l'état bourgeois de les « satisfaire » partiellement : « un conseil d'administration triparti, I'Etat démocratique, les représentants des syndicats, les représentants des usagers désignés par les milieux de l'industrie, de l'agriculture et du commerce (charmant euphémisme pour désigner les trusts) et appliquant les orientations générales fixées par l'Etat ». Elles ont comme contrepartie obligatoire la démobilisation et la démoralisation de la classe ouvrière, qui permettra finalement à « l'Etat démocratique » de procéder à la destruction du mouvement ouvrier.
Au bout, il y a l'édification de l'état totalitaire, qui tendrait à détruire la classe ouvrière en tant que classe sociale capable d'agir et de résoudre à sa manière les questions économiques, sociales et politiques. Alors, peut-être, les contradictions accumulées en vingt années de « prospérité » trouveraient une « solution » différente qu'une crise du type de celle de 1929. Car il y a toujours des « solutions » pour le capitalisme, s'il peut, dans la lutte des classes, écraser la classe ouvrière. L'une d'elles, c'est, quelles qu'en soient les méthodes, la destruction de l'économie planifiée en U.R.S.S., en Chine, et en Europe orientale.
Mais Mandel ne veut pas cela. Kautsky non plus ne voulait pas l'hitlérisme et la seconde guerre mondiale. Mandel a-t-il des circonstances atténuantes ? Oui, car Kautsky fut dans sa jeunesse, jusqu'à la veille de la première guerre impérialiste, l'un des plus grands connaisseurs du marxisme et de ses plus brillants défenseurs. A la fin de sa vie, il n'était plus qu'un « marxologue ». Mandel, lui, est loin d'avoir d'avoir achevé la sienne...