Geoffrey Trease
Les compagnons de la Charte
Introduction
1934
Le mouvement chartiste se développa en Angleterre au XIXe siècle, dans les années 30, dans les conditions de profond bouleversement que l´emploi croissant de la machine à l´ère industrielle provoquait dans la vie de la population. Conditions de travail inhumaines des ouvriers, salaires de famine, journées de douze et même seize heures, emploi de petits enfants à partir de cinq ou six ans dans les mines et dans les filatures, logements déplorables – véritables taudis.
En 1838, un Comité de l´Association Ouvrière de Londres (Working Men´s Association) définit ce qu´on appela la «Charte du Peuple».
La Charte du Peuple réclamait l´adoption de «six points» qui étaient:
suffrage universel: que tout homme majeur, sain d´esprit et n´ayant pas encouru de condamnation pour délit, soit électeur;
renouvellement annuel du Parlement;
indemnité parlementaire, permettant à des candidats de devenir députés;
élection au scrutin secret, pour mettre fin aux pratiques de corruption et d´intimidation qui étaient courantes;
découpage du pays en circonscriptions électorales égales pour assurer une représentation équitable; afin que tout électeur puisse être éligible, abolition de la disposition qui réservait le droit d´être élu député aux seules personnes pouvant justifier d´un revenu de 300 livres sterling.
En 1839, se réunit une «Convention» de chartistes qui se voulait un «Parlement du peuple». Elle prépara une pétition où étaient incorporés ces 6 points et qui recueillit plus d´un million deux cents mille signatures. Un grand espoir souleva la population, qui croyait que cette Charte pouvait améliorer ses conditions d´existence, mais la pétition, présentée au Parlement, fut repoussée à une écrasante majorité. Une très vive agitation s´ensuivit. Une grève générale, d´abord envisagée, fut abandonnée. Divers mouvements insurrectionnels éclatèrent; un des plus forts et des plus organisés eut pour théâtre le Pays de Galles. Les mineurs gallois tentèrent de s´emparer de la ville de Newport. La répression fut très dure: arrestations, emprisonnements et déportations sans nombre.
Par la suite, en 1842, les chartistes lancèrent une nouvelle pétition qui recueillit trois millions de signatures. Mais le chartisme perdit de sa force et déclina. Il n´en a pas moins traduit à cette époque l´élan des travailleurs vers un idéal de vie meilleure, d´égalité et de justice qui fut repris ensuite par d´autres mouvements.