1920 |
Cet article a paru dans le numéro 4 du Bulletin
communiste, 8 avril 1920. |
Nous ne sommes pas d'accord...
...Avec le citoyen Marcel Cachin, quand il écrit :
Le devoir du gouvernement français serait de favoriser de son mieux l'effort révolutionnaire des travailleurs allemands s'il se produit là-bas comme nous le souhaitons. Le triomphe des militaires prussiens serait en effet un désastre pour l'Europe entière.
Car le gouvernement français est un gouvernement bourgeois, solidaire de la bourgeoisie allemande ; car l'effort révolutionnaire des travailleurs allemands menace la propriété capitaliste allemande et française ; car le triomphe des militaires prussiens, désastre pour le prolétariat, serait victoire pour tous les militarismes.
...Avec le citoyen Paul Louis, quand il écrit, parlant des Indépendants allemands :
Ils se souviendront de Liebknecht, de Rosa Luxembourg, d'Eisner et de Haase, tombés victimes de la coalition qui, aujourd'hui, dans une heure de détresse, lance un appel a leur concours.
Car Liebknecht et Rosa furent assassinés par les social-démocrates, avec lesquels Haase, en compagnie de Berth et Dittmann, collabora au pouvoir ; car l'assassinat de Haase, déploré de tous les socialistes, ne saurait abolir la distinction nécessaire entre les victimes et les responsables.
...Avec le citoyen Cachin, quand il écrit, à propos de l'expédition en Syrie :
Nous posons la question à tous les hommes raisonnables. Comment se fait-il que les socialistes se trouvent à peu près seuls pour élever leurs protestations contre une semblable folie ?
Car il est logique, normal, fatal, que les socialistes soient seuls à combattre l'impérialisme ; car ils doivent faire appel, non aux « hommes raisonnables », mais aux prolétaires, contre le régime impérialiste.
...Avec le citoyen Caussy, quand il écrit de Berlin (ce qu'il répète d'ailleurs à dix reprises) :
Ici, à Berlin, nous ne savons rien de ce qui se passe en province : mais il est certain qu'à Berlin il n'y a pas trace de mouvement communiste, pas trace non plus d'organisation bolcheviste russe, car sinon la troupe du Baltikum, qui est à qui la paiera, serait déjà du côté des communistes.
Car nier le mouvement communiste à Berlin, c'est nier la clarté du jour en plein midi ; car si Caussy n'a pas vu de communistes à Berlin, c'est qu'il n'a pas voulu les voir ; car nous en savons qui les ont vus, et qui pourraient témoigner de leur action ; car essayer de prouver l'absence d'organisation communiste en disant que les Blancs sont à vendre au plus offrant, équivaut à dire que la révolution sociale est subordonnée à une forte somme, ce que nous trouvons raide...
...Avec le citoyen Caussy, quand il écrit :
Nous ne voyons pas les Indépendants ; ils nous évitent, et quand ils sont avec nous, évitent de mous parler du mouvement présent. Il est vrai que Mistral et moi vivons ici — forcément — avec des gens de la deuxième Internationale.
Car on n'est jamais forcé de trahir des engagements formels ; car ceux qui ont voté la rupture avec la deuxième Internationale sont au contraire forcés de se tenir loin des gens de la deuxième internationale : car devenir suspects aux Indépendants en raison d'une collusion permanente avec les noskistes est un comble !
...Avec celui qui a écrit dans l'Humanité les lignes que voici :
Rappelons que Mistral s'est rendu en Allemagne sur mandat de la commission administrative permanente du Parti, qui l'avait chargé de conférer avec les socialistes indépendants et les communistes, en vue de l'application des décisions du Strasbourg, c'est-à-dire pour la reconstruction d'une Internationale d'action.
Car Mistral, de son propre aveu, et de celui de Caussy, n'a cessé de « vivre » (sic) avec les social-démocrates majoritaires, et n'a pas vu un seul communiste, ce qui est plus éloquent qu'une motion de reconstructeurs.
...Avec le citoyen Mistral, quand il écrit, parlant des arguments des social-démocrates majoritaires allemands :
Les camarades indépendants, auxquels j'ai soumis ces arguments des socialistes majoritaires, n'en nient point la valeur. Ils estiment, toutefois, qu'un gouvernement ouvrier serait possible, à la condition de faire une politique prudente et avisée.
Car celui qui ne nie pas la valeur de ces arguments doit rester avec les massacreurs des ouvriers communistes dans la deuxième Internationale ; car le Congrès des Indépendants à Leipzig ayant déclaré qu'un gouvernement ouvrier est non seulement possible, mais indispensable, au moyen de la dictature des Conseils prolétariens, les « camarades Indépendants » dont parle Mistral paraissent singulièrement dépendants des noskistes.
En un mot, nous ne sommes pas d'accord avec les reconstructeurs, car il n'est pas un de leurs actes, pas une de leurs paroles, quelque peu précises, qui ne soit en opposition formelle aux principes communistes.