1920

Cet article a paru dans le numéro 3 du Bulletin communiste, 1er avril 1920.


Explication définitive

Boris Souvarine


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Les reconstructeurs ont exploité tapageusement et sans loyauté, au cours de leur campagne procédant le Congrès de Strasbourg, un article de Lénine qui men­tionnait comme organe bolchevik français le journal éphémère d'un aventurier. Non seulement ils se sont abaisses à assimiler cette feuille et ce gredin aux journaux et aux militants vraiment communistes, mais encore ils ont prétexté d'une citation incomplète de l'article de Lénine pour affirmer que les commissaires du peuple russe sont parfaitement ignorants de la si­tuation politique en France.

Nous avons méprisé les procédés peu scrupuleux de nos insulteurs, en attendant patiemment les textes qui nous permettraient de mettre un terme à leurs agisse­ments. Nous sommes en mesure aujourd'hui de donner aux camarades de bonne foi l'explication nécessaire :

En septembre dernier a été publié à Moscou un arti­cle signé Jean Fabrice sur la situation en France ; l'auteur a évidemment vécu ici et s'est tenu de son mieux au courant du mouvement révolutionnaire. Dans cet article, il décrit avec force détails les divers courants socialistes, syndicalistes, anarchistes, et donne beaucoup de renseignements, très exacts. Mais, insuffisamment versé dans les questions d'organisation et jugeant superficiellement les groupes et les publica­tions diverses, il accrédite certaines erreurs dont il est lui-même victime. Il est inutile de les relever ici, sauf celle qui concerne notre sujet. Nous citons :

Le camarade Anquetil a fondé le Bolcheviste. La censure démocratique n'a pas permis la publication d'un titre aussi subversif et ce journal, dont le tirage a doublé depuis son apparition, paraît sous le nom savoureux de... Titre censuré.

A noter que Jean Fabrice, qui est visiblement anar­chiste et qui donne avec naïveté du « camarade » a un agent du gouvernement à peine déguisé, ne dit rien d'inexact dans celte phrase ; son erreur est de tomber dans le panneau d'un malfaiteur. Mais cette erreur, Longuet devrait être le dernier à la lui reprocher, lui qui l'avait partagée, et qui se trouva en conflit avec ses collaborateurs plus clairvoyants et plus courageux , et qui s'opposa longtemps à la publication de la lettre révélatrice.

Sur la foi de l'article do Fabrice, nourri de faits, de citations, de détails précis, et par cela même méritant le crédit que nos camarades russes lui ont accordé (combien de camarades parisiens seraient incapables de relever les erreurs qu'il contient !) Lénine écrivit la phrase incidente que voici, dans un article consacré à tout autre chose :

A Paris, le comité pour la reprise des relations in­ternationale et le comité de défense syndicaliste ont pris position pour la Troisième Internationale. Deux journaux la défendent, l'Internationale de Raymond Péricat et Titre Censuré (le bolchevik ?) de Georges Anquetil ».

L'erreur est donc imputable à l'informateur, lequel était de bonne foi. Aujourd'hui, Moscou est complétement renseigné, et il y a lieu de croire qu'un tel inci­dent ne se renouvellera pas. Mais rien ne légitimait le scandale soulevé par Longuet, et qui tourne à sa con­fusion.


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