1848-49

Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution...

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La Nouvelle Gazette Rhénane

F. Engels

La journée des villes rhénanes

n°289, 4 mai 1849


Cologne, le 3 mai.

Le Congrès des Conseils municipaux rhénans aura lieu, sous une forme moins officielle, mais il aura lieu, et ce, mardi prochain seulement.

Il va de soi que nous n'attendons absolument rien de cette assemblée de bourgeois, élue selon trois classes censitaires et alors que la masse du peuple a été exclue de son élection. On enverra à Berlin une délégation qui ne sera en aucune façon reçue par le sire de Hohenzollern.

Mais peut-être le Congrès ne parviendra-t-il pas du tout à se réunir. Des congrès de divers partis se tiendront dimanche, ici, à Cologne [1] . Le gouvernement cherche à tout prix à provoquer un conflit entre le peuple et l'armée pour pouvoir nous baillonner, nous Rhénans, exactement comme on a baillonné les Berlinois.

Il dépend des travailleurs de Cologne de déjouer ce joli petit calcul prussien. Les travailleurs de Cologne, par leur comportement tranquille, par une impassibilité inébranlable face à toutes les provocations de l'armée peuvent retirer au gouvernement tout prétexte à des actes de violence.

Des événements décisifs sont imminents. Vienne, la Bohême, le sud de l'Allemagne, Berlin sont en ébullition et attendent le moment opportun. Cologne peut y prendre sa part, une part très active, mais sans pouvoir porter un coup décisif.

Que dimanche prochain surtout les travailleurs de Cologne considèrent que toutes les provocations gouvernementales visent à entraîner un déchaînement tel qu'il se produise à un moment défavorable pour nous mais favorable au gouvernement .

On ne peut faire de révolution qu'avec de grands événements; mais si l'on accepte les défis du gouvernement, on parviendra tout juste à une émeute.

Travailleurs de Cologne , pensez au 25 septembre [2] .


Notes

[1] Le dimanche 6 mai, trois congrès des organisations de la province rhénane et de la Westphalie eurent lieu à Cologne; un Congrès des Unions ouvrières, un Congrès des Associations démocratiques et, à Deutz, dans la banlieue de Cologne, un Congrès des Associations civiques (Bürgervereine) monarchiques constitutionnelles.

[2] Le 25 septembre 1848, les autorités de Cologne montèrent une provocation; elles procédèrent à l'arrestation de quelques dirigeants de l'Union ouvrière, ce qui entraîna une riposte prématurée des travailleurs qui commencèrent à dresser des barricades dans la ville. Marx et ses partisans déployèrent de grands efforts pour empêcher les ouvriers de Cologne de se lancer dans une action isolée et prématurée. Le même jour Cologne fut mise en état de siège.


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