1848-49 |
Marx et Engels journalistes au coeur de la révolution... Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec. |
La Nouvelle Gazette Rhénane
Le correspondant viennois de la Kölnische Zeitung
Cologne, le 17 février.
Une énigme de moins dans l'histoire universelle ! M. Schwanbeck, rédacteur à la Kölnische Zeitung, envoie simultanément une correspondance de Vienne paraissant dans la même Kölnische Zeitung sous le signe comme on le sait, il a calomnié les Magyars aussi longtemps que possible sous ces deux raisons sociales; il les a accusés de lâcheté et de bassesse, il ne s'est pas contenté de les battre, il les a anéantis à plusieurs reprises, et il a fait un éloge dithyrambique de l'investissement par l'armée impériale de différentes villes et comitats [1] de Hongrie.
M. Schwanbeck résout donc lui-même l'énigme : tel Achille, seul notre Schwanbeck peut guérir les plaies qu'il a infligées.
Et la solution de l'énigme ? La peur de Welden. Voilà pourquoi on salit des Viennois et des Magyars, pourquoi on fait des mensonges pitoyables à propos des succès militaires autrichiens, pourquoi on accueille les Croates et les Pandours en frétillant et en leur faisant les yeux doux.
Car, dit le fameux Schwanbeck
« Jusqu'à présent le gouverneur baron Welden vous opposait un démenti formel et vous gratifiait du titre honorifique de galopin mal intentionné, si vous osiez douter de l'avance victorieuse de l'armée impériale sur tous les fronts de la monarchie. » (Numéro 41 de la Kölnische Zeitung).
Par respect pour Welden, pendant deux mois dans la correspondance de Vienne, on a menti aux lecteurs de la Kölnische Zeitung, on les a trompés sur la guerre en Hongrie. Goethe disait au sujet de Pustkuchen [2] :
« La baleine a bien son pou, il faut bien que j'aie le mien. »
Kossuth peut en dire autant de Schwanbeck.
Notes
[1]
Subdivision administrative en Hongrie. La Hongrie était autrefois divisée en comitats, dotés d'une vie administrative propre,
et nommant eux-mêmes leurs fonctionnaires à l'intérieur. On en comptait soixante-trois avant 1918
et trente-trois avant 1944.
Le comitat était divisé en circonscriptions.
[2]
Cf. Zahme Xenien
de GŒTHE. PUSTKUCHEN (Johann, Friedrich, Wilhelm), écrivain et pasteur protestant, était né le 4 février 1773 à Detmold et
mort le 2 février 1834 à Wiebelskirchen. Il était connu par la présentation hostile à Gœthe et méchamment caricaturale qu'il
avait faite des Années de voyage de Wilhelm Meister.