1919 |
Un ouvrage qui servira de manuel de base aux militants communistes durant les années de formation des sections de l'Internationale Communiste. |
L'ABC du communisme
Le communisme et la dictature du prolétariat
Le mode communiste de production ne suppose pas non plus la production pour le marché, mais pour les besoins. Seulement, chacun ne travaille pas pour soi, cest toute la communauté géante qui travaille pour tous. Il ny a pas ici de marchandises, mais seulement des produits. Ces produits ne sont pas échangés les uns contre les autres, ils ne sont ni achetés, ni vendus. Ils sont tout simplement déposés dans les entrepôts communaux et livrés à ceux qui en ont besoin. Aussi, nul besoin dargent. « Comment ferez-vous ? Allez-vous demander. Lune prendra trop et lautre pas assez. Quel avantage y aura-t-il à cette répartition ? » Ajoutons encore ceci : Au début, pendant les 20 ou 30 premières années, peut-être faudra-t-il établir certaines règles : par exemple, tels produits seront seulement délivrés daprès certaines indications sur le livret de travail ou contre présentation de la carte de travail. Mais plus tard, une fois la société communiste consolidée et développée, tout cela sera superflu. Tous les produits seront abondants, toutes les plaies seront depuis longtemps fermées et chacun pourra prendre autant quil lui faudra. Mais les hommes nauront-ils point intérêt à prendre plus quils nauront besoin ? Mais non. Personne, aujourdhui même, naurait lidée de payer, dans un tramway, trois places, pour nen occuper quune et laisser vides les deux autres; ce besoin nexiste pas. Il en sera de même pour tous les produits. Chacun retirera de lentrepôt communal ce dont il a besoin, et tout sera dit. Vendre son surplus, personne ny aura intérêt, car chacun pourra prendre ce quil lui faut. De plus, largent naura pas de valeur. Donc, au début de la société communiste, les produits seront vraisemblablement distribués daprès le travail accompli et, plus tard, tout simplement daprès les besoins des membres de la communauté.
On dit très souvent que dans la société future, sera réalisé le droit de chacun au produit intégral de son travail : chacun recevra ce quil aura gagné. Cest inexact et ne pourra jamais être entièrement réalisé. Si chacun recevait tout ce quil a gagné, il serait impossible de développer la production, de létendre et de laméliorer. Il faudra toujours quune partie du travail accompli serve à lextension et au perfectionnement de la production. Si nous mangions ou usions tout ce que nous avons produit, on ne pourrait point fabriquer de machines : elles ne sont ni mangées, ni portées, nest-ce pas ? Chacun comprend que la vie saméliore par le développement et le perfectionnement des machines. Il en résulte quune partie du travail qui y est inclus nest pas rendue à celui qui la exécuté. Donc, il ne sera jamais possible de donner à chacun le produit intégral de son travail. Et ce nest pas du tout nécessaire. Avec de bonnes machines, la production sera organisée de telle sorte que tous les besoins seront satisfaits.
Ainsi, au début, la répartition des produits sera faite daprès le travail accompli (mais non daprès le « produit intégral du travail »), et plus tard, quand tout sera en abondance, daprès les besoins.