Cher Umberto, ton cher salut pour le d�but de cette ann�e m�a apport� de la joie, et il est clair que je partage avec enthousiasme ton souhait de temps meilleurs.

Je suis les nouvelles de ton activit� et je pense que, �tant donn� les situations (la critique que L�nine t�avait faite �tait un tirage d�oreilles � mon intention mais, ni maintenant ni alors elle ne m�a �branl�), tu proc�des toujours au mieux comme le fit il y a quarante ans. Je me rappelle bien la visite que tu me fis � Naples, et je me r�jouis �galement de tout c�ur de ta vieille et solide amiti� dont je te remercie.

Moi, j�attends, dans une position toujours ent�t�e et sectaire que, comme je l�ai toujours pr�vue, arrive au monde au cours de l�ann�e 1975 notre r�volution, plurinationale, monopartitique et monoclassiste, c�est-�-dire surtout sans la pire pourriture interclassiste : celle de la jeunesse soi-disant �tudiante. De notre c�t�, lors de nos vertes ann�es, nous avons fait le mieux qu�il se devait.

Je ne retourne pas dans cette f�tide m�tropole qu�est Naples parce que j�esp�re gu�rir dans ce climat meilleur et avoir, vivant, le temps de r�affirmer ce que j�ai toujours d�fendu par le pass�. En effet ma sant� s�am�liore s�rement et je compte que mon cerveau, certes pas �lectronique, aura encore � servir � quelque chose, n��tant pas du tout vide de science, de technique et de philosophie de l�histoire. Je t�envoie un salut affectueux et chaleureux avec mes meilleurs souhaits et Antonietta, ma femme se joint � moi. Elle se prodigue pour me soigner avec les plus extr�mes sacrifices, m�me si, apr�s tant d�ann�es, elle ne se souvient plus de toi; elle se souvient plut�t de Gramsci qui, selon mon d�sir, lui avait donn� quelques le�ons de philosophie quand elle �tait jeune fille.

Affectueusement, ton Amadeo.

PS. Je me permets de te signaler mon vieil article �crit en 1949 intitul� �Les intellectuels et le marxisme�, il est reproduit dans le n�4 de Programma comunista, r�cemment paru. Je ne pense pas que tu le trouveras dans les collections de journaux parlementaires. Dans tous les cas � Rome on le vend dans les kiosques suivants: Piazza di Spagna; Piazza Cavour; Piazza Bologna; Piazza dei 500; Piazza Croce Rossa; Via Carlo Felice (San Giovanni), Ed. Cirioni � la Citt� degli Studi. Si tu ne peux te le procurer, dis-le moi et je pourrai te l�envoyer.