José Carlos Mariátegui est né à Moquega en 1894. Son père quitta le foyer familial alors qu´il était encore enfant. Sa mère, María Amalia La Chira Ballejos, quitta Moquega pour Lima dans un premier temps, puis se rendit à Huacho où elle avait de la famille susceptible de l´aider à entretenir ses trois enfants : José Carlos, son frère Julio César et sa sœur Guillermina. En 1902, José Carlos est hospitalisé à Lima pour une blessure importante à la jambe gauche, consécutive à une chute. Les séquelles seront importantes, et malgré quatre années de convalescence, la jambe blessée demeurera fragile et il sera dans l´incapacité de poursuivre ses études. Les conséquences de cette blessure auront des effets à long terme sur sa santé déjà fragile. |
À l´âge de 14 ans, il commence à travailler comme coursier pour le journal La Prensa, où il devient chroniqueur par la suite. En 1916, il quitte son premier employeur pour le quotidien El Tiempo, dont les tendances politiques sont plus gauchistes. Deux ans plus tard, il lance son propre magazine, mais les propriétaires de El Tiempo refusent de l´imprimer. Il crée alors de façon indépendante son propre journal, La Razón. Il y soutient avec virulence la lutte des étudiants contre la réforme universitaire, et les revendications du jeune mouvement des travailleurs. Son radicalisme agressif met le journal en porte-à-faux avec le gouvernement de Leguía, et on raconte que José Carlos Mariátegui se vit donner le choix de partir pour l´Europe, ou d´aller en prison.
Rumeur fondée ou non, Mariátegui se rendit effectivement en Europe en 1920, et voyagea pendant deux ans à travers la France (où il entre en contact avec Henri Barbusse et le groupe Clarté), l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie, où il épousa Ana Chiappe, avec laquelle il devait avoir de nombreux enfants. Il se trouvait en Italie en 1920 pendant l'occupation des usines de Turin, et en janvier 1921 il était présent au Congrès de Livourne du Parti Socialiste Italien, où se produisit la scission historique qui conduisit à la formation du Parti Communiste. Lorsqu'il quitta le pays, en 1922, Mussolini était à la conquête du pouvoir.
Dans les écrits de cette période, Mariátegui constate que le fascisme est une réponse à une crise sociale profonde, et qu'il s'appuie sur la bourgeoisie et un important culte de la violence. Selon son analyse, le fascisme est le prix que paye une société en crise pour les défaillances de la gauche.
De retour au Pérou en 1923, il commence à rédiger des articles sur la situation en Europe, et à étudier celle du Pérou sous l'angle du Marxisme. Il entre également en contact avec Víctor Raúl Haya de la Torre, leader de l'Alliance populaire révolutionnaire américaine. En octobre 1923, Haya de la Torre doit s'exiler à Mexico, laissant Mariátegui à la tête du magazine Claridad. Le cinquième numéro de cette publication sera dédié à Lénine (mars 1924).
En 1924, Mariátegui doit subir une amputation de sa jambe blessée. En 1926, il fonde le journal Amauta pour offrir un forum d'expression au socialisme, à l'art et à la culture du Pérou et de toute l'Amérique latine.
En 1928 il commence à établir le Parti Socialiste, qui sera finalement constitué en octobre et dont il sera le secrétaire général (ce parti deviendra plus tard le Parti Communiste du Pérou). Il publie également les Sept essais d'interprétation de la réalité péruvienne, où il examine la situation économique et sociale du Pérou d'un point de vue marxiste. Cet ouvrage est considéré comme le premier document d'analyse de la société latino-américaine. Commençant par l'histoire économique du pays, le livre se poursuit avec une présentation du "problème indien", que Mariátegui relie au "problème agraire". Les autres chapitres sont dédiés à l'éducation, la religion, le régionalisme et la centralisation, ainsi que la littérature.
Dans le même ouvrage, Mariátegui reproche aux propriétaires terriens la situation économique du pays et les conditions de vie misérables des indigènes de la région. Il note que le Pérou a encore de nombreuses caractéristiques des sociétés féodales. Il défend l'idée que la transition vers le socialisme pourrait s'opérer sur les formes d'un collectivisme traditionnel comme le pratiquaient les Indiens.
En 1929, Mariátegui participe à la constitution de la Confédération Générale des Travailleurs Péruviens (CGTP).
Il meurt le 16 avril 1930, des complications de santé liées à sa blessure de jeunesse.
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