1944 |
LA LUTTE de CLASSES – n° 24
|
LA LUTTE de CLASSES – n° 24
"LA QUATRIEME INTERNATIONALE
PRETE UNE ATTENTION EXCEPTIONNELLE A LA JEUNE GENERATION DU PROLETARIAT,
|
A BAS LA GUERRE !
Chaque jour la guerre vide un peu plus le pays de son sang. Et aux premiers rangs des sacrifiés, c'est vous les jeunes, qu'un nouveau décret scélérat de Vichy mobilise à partir de 16 ans (18 ans pour les filles), pour alimenter la guerre impérialiste.
Quand les jeunes demandaient avant la guerre des droits politiques à partir de 18 ans, quand ils revendiquent, à travail égal, un salaire égal à celui d'un adulte, le patronat trouve "immorales" ces justes revendications. Mais envoyer à la boucherie des jeunes de 16 ans, cela c'est l'accomplissement d'un haut devoir pour la "patrie" : tel est le nom que les très moraux milliardaires ont l'habitude de donner à la défense de leurs coffres-forts !
Le capitalisme, qui dans son agonie détruit la civilisation et plonge le monde dans la barbarie, transforme les jeunes en chair à canon à un âge où la vie ne fait vraiment que commencer... EN TEMPS DE PAIX, LA "LIBERTE" DU CHOMAGE, EN TEMPS DE GUERRE LE "DEVOIR" DE MOURIR POUR LA "PATRIE" : VOILA LE SORT DE LA JEUNESSE DANS LA SOCIETE ACTUELLE.
Partout dans le monde, à Vichy, à Berlin, à Alger, à Londres, à Washington, au Japon, les capitalistes sacrifient la jeunesse pour les mêmes buts de brigandage déjà démasqués lors de la première guerre mondiale de 14-18. Alors aussi on avait prétendu lutter pour un ordre nouveau, pour la dernière guerre, pour la démocratie, pour la liberté des peuples et un tas d'autres mensonges. La fleur des nations de tous les pays, la jeunesse, est tombée sur tous les champs de bataille dans une guerre fratricide. Pour quel résultat ? Pour recommencer la même partie 20 ans après, juste le temps de refaire des soldats, des jeunes.
Demain, ce n'est pas un avenir meilleur, mais une 3ème guerre mondiale qui nous attend, si la jeunesse continue à se laisser sacrifier pour les coffres-forts des capitalistes.
LE CAPITALISME, C'EST LA GUERRE!
Car si la guerre n'est pas pour l'ordre nouveau, pour la démocratie, pour la liberté des peuples (au contraire elle les anéantit), et si le seul résultat qu'elle produit c'est le repartage des richesses économiques entre les capitalistes des pays vainqueurs, c'est que la guerre est une guerre impérialiste provoquée et menée non pas par les peuples, mais par les trusts des pays capitalistes : "le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage" (Jaurès).
Tant que subsiste l'impérialisme (le capitalisme des trusts), la paix n'est qu'une trêve entre deux guerres. Lutter pour la paix c'est donc lutter contre le capitalisme.
La bourgeoisie avait brisé l'économie féodale et son particularisme pour créer le système capitaliste des grandes nations.
Aujourd'hui le prolétariat doit aussi, pour sauver l'humanité, briser le morcellement "national" de l'économie mondiale en créant les Etats-Unis Socialistes du Monde. Seuls le renversement de la bourgeoisie, la révolution socialiste, peuvent assurer la paix et la prospérité de tous les peuples, grands et petits.
LA NOUVELLE INTERNATIONALE REVOLUTIONNAIRE
Pour mener à bien une tâche aussi grandiose, il faut aux ouvriers une organisation et un programme politique capables de guider et d'éclairer leur action.
Dans le présent conflit les vieilles internationales (la IIème "socialiste" et la IIIème "communiste") ont renié l'internationalisme prolétarien en faveur de l'union avec leur propre bourgeoisie, sous les mêmes prétextes que ceux qui ont servi aux social-traîtres de 14-18 : mais ces prétextes ont été depuis longtemps stigmatisés par la IIIème Internationale au temps de Lénine et de Trotsky (1919-1922).
Seule la IVème Internationale est restée un courant mondial fidèle à l'internationalisme prolétarien : sur tous les continents, dans presque tous les pays, de l'URSS à l'Amérique, et de l'Afrique jusqu'à la Chine, partout des milliers d'ouvriers partisans de la IVème Internationale luttent pour l'union des travailleurs de tous les pays contre les exploiteurs de tous les pays, pour la révolution socialiste.
La faillite des vieilles internationales (IIème et IIIème) et la nécessité de la nouvelle (la 4ème) n'ont rien de décourageant pour les travailleurs, pour la révolution socialiste : tant que la capitalisme n'est pas définitivement renversé, les organisations créées par le prolétariat en vue de la lutte contre la bourgeoisie s'usent dans le combat ; il faut alors en créer de nouvelles. Lénine disait, à propos de la faillite de la IIème Internationale : "il faut jeter la chemise sale pour en mettre une propre. Vive la IIIème Internationale !". C'est ce conseil que suivent les milliers de travailleurs éduqués de tous les pays, qui luttent pour forger la IVème Internationale.
QUE FAIRE ?
Jeunes ouvriers et ouvriers, raflés pour travailler en Allemagne ou en France pour la machine de guerre de l'impérialisme allemand et au profit des capitalistes français : les agents de l'impérialisme anglo-américain vous invitent à rejoindre les "partisans", à vous enrôler dans l'armée gaulliste de la "libération". Mais cette armée ne lutte pas pour la paix, pour la paix définitive, pour une société nouvelle qui vous ouvrirait la possibilité de vivre vraiment votre vie. Elle lutte pour la revanche sur l'impérialisme allemand, pour rendre à la France sa position de gendarme vis-à-vis des vaincus et des esclaves coloniaux. Comme le disait Radio-Londres le 8 février, la France gaulliste de demain n'aurait "jamais assez de soldats".
Si vous ne voulez plus être la chair à canon de cette guerre, il faut non seulement résister à Vichy et à l'impérialisme allemand, mais le faire sous votre propre drapeau de classe, le drapeau rouge. Où que vous soyez, en Allemagne si vous n'avez aucun moyen de vous soustraire à la déportation, dans le maquis ou dans les groupes de "partisans" si vous ne pouvez pas vous cacher dans les villes et les villages, n'oubliez pas que vous être les fils de la classe ouvrière qui lutte contre les capitalistes et qui fraternise avec les ouvriers et les paysans quels que soient leur uniforme ou leur langue.
En Allemagne, liez-vous avec les travailleurs allemands pour saboter la machine de guerre et les aider à renverser le régime capitaliste défendu par Hitler. Dans les groupes de résistance, dans le maquis, exigez votre armement et l'élection démocratique des chefs par les membres des groupes. N'oubliez pas un instant que les chefs que vous nomment Alger et les impérialistes anglo-américains sont pris dans le corps des officiers qui, entre juin 1940 et le 8 novembre 1942, ont montré toutes leurs capacités stratégiques contre le peuple.
Jeunes ouvriers et ouvrières, la bourgeoisie vous mobilise pour défendre ses coffres-forts. La IVème Internationale vous appelle à la pointe du combat pour forger une vie nouvelle, pour bâtir le socialisme, les Etats-Unis socialistes d'Europe et du Monde, par le renversement de la bourgeoisie et de tous ses soutiens.
A BAS LA GUERRE !
VIVE LA QUATRIEME INTERNATIONALE !
Quand le 6 février 1934, sous prétexte de lutter contre la "corruption", les bandes fascistes faillirent s'emparer du Palais Bourbon, une grande émotion s'empara des ouvriers et des milieux populaires de Paris et de province.
La veille encore de soi-disant chefs répétaient : "La France n'est pas l'Allemagne". Mais en Allemagne aussi les ouvriers avaient été bernés par de pareils leaders qui leur disaient, en présence des bandes de Hitler, que "l'Allemagne n'est pas l'Italie".
Malgré l'échec en ce qui concerne le but principal, la tentative fasciste du colonel de la Rocque et des différentes ligues paramilitaires ouvrait en France une époque de guerre civile qui ne pouvait se terminer que par la victoire du capitalisme sur les masses réduites à l'impuissance et à un niveau de vie inférieur ("vaincre la crise") ou par la victoire du socialisme, c'est-à-dire l'expropriation des capitalistes par le prolétariat.
L'entrée en scène des bandes fascistes pour soutenir le capitalisme ouvrit la série des gouvernements extra-parlementaires, les gouvernements des décrets-lois et des mesures anti-démocratiques, qui eurent ce caractère sans exception de Doumergue, en passant par Léon Blum, jusqu'à Daladier et Reynaud.
Au coup fasciste les masses prolétariennes ripostèrent par la grève générale du 12 février, qu'elles imposèrent à la direction capitularde de la CGT et de la SFIO, et au PC qui avait manifesté seul le 9 février. Par une politique instinctive et par une volonté puissante de combat, les masses prolétariennes réalisaient ainsi l'unité prolétarienne de combat, par dessus la tête des vieilles organisations.
L'histoire des années qui suivirent peut se résumer ainsi : les masses, et non seulement les masses ouvrières mais l'immense majorité de la population pauvre des villes et des campagnes, voulaient en finir avec un régime qui les vouait à la misère et à l'insécurité. Mais leur poussée se heurta à la politique des organisations ouvrières officielles (CGT, CGTU, SFIO, SFIC) qui, elles, s'accrochèrent au cadavre pourrissant du parlementarisme. Les masses entrèrent en lutte d'une façon décisive en juin 1936. Mais au lieu de pousser la lutte, à travers les étapes nécessaires jusqu'au renversement de la bourgeoisie, le parti "communiste" donna le signal de la retraite sur la base des accords Matignon : "il faut savoir finir une grève", tel est le "bolchévisme" qu'enseigne Thorez aux travailleurs de France au moment-même où la révolution espagnole se transformait en LUTTE ARMEE.
Toute l'histoire de la classe ouvrière montre que si l'on n'ose pas aller jusqu'au bout, toute demi-victoire mène à une grande défaite. Juin 1936 fut une demi-victoire que le Front Populaire (alliance des partis ouvriers avec les agents "démocratiques" de l'impérialisme : Daladier, Sarraut, Cot, etc...) transforma en une grande défaite. A juin succédèrent les fusillades de Clichy en 1937, quand le "socialiste" Dormoy fit tirer sur les manifestants ouvriers. La grève générale de novembre 1938 à laquelle les masses participèrent avec dévouement sous le coup des sanctions impitoyables prises par le gouvernement Daladier, échoua parce qu'à la tête des organisations se trouvaient les mêmes chefs bons à encaisser les cotisations, mais non à se battre contre la bourgeoisie.
Mais c'est la guerre impérialiste à l'extérieur qui permit à la bourgeoisie de porter le coup décisif aux masses. De novembre 1939 à juin 1940 Daladier et Reynaud introduisirent le système des camps de concentration, de la chasse à l'étranger, des emprisonnements, des tortures et de la peine de mort contre les militants de la classe ouvrière adversaires de leur politique, montrant ainsi ce que cachait véritablement l'écran du parlementarisme : l'Etat bourgeois, c'est-à-dire "des hommes armés et des prisons" (Engels).
Après juin 1940, avec l'Occupation, ce système prit une ampleur exceptionnelle, sa violence décupla, centupla le nombre des victimes. Mais en aurait-il été autrement si Reynaud était resté au pouvoir derrière des troupes se battant sur le front ?
L'agonie du capitalisme arrivé au stade impérialiste, ne laisse pas d'autre issue aux masses qu'une guerre civile menée jusqu'au bout, jusqu'au renversement du capitalisme. Sans cette volonté du prolétariat d'aller jusqu'au bout dans sa guerre civile contre la bourgeoisie c'est la bourgeoisie qui mène jusqu'au bout sa guerre impérialiste à l'extérieur et sa guerre civile à l'intérieur contre le prolétariat.
A BAS LA GUERRE IMPERIALISTE !
VIVE LA GUERRE CIVILE CONTRE LA BOURGEOISIE !
Voilà qu'on se remet à parler de "réconciliation des classes". Au moment où les forces de répression abattent chaque jour des jeunes sans armes, sous prétexte de "maintenir l'ordre", Darnand le sanguinaire et Taittinger l'homme des ligues voudraient "éviter le mécanisme barbare de la guerre civile".
A la vérité, ces messieurs ont peur d'avoir un jour à payer leurs crimes de plus en plus grands contre les masses travailleuses.
Les alliés qui ont laissé le Kaiser mourir... de goutte dans un château, ne les effraient pas : ils savent bien que les loups ne se mangent pas entre eux, et que seule la guerre civile prolétarienne peut leur faire expier leurs crimes. Aussi viennent-ils en bons bergers, parler d'apaisement et de réconciliation... dans la tombe probablement !
Depuis quelques jours la milice de Darnand est passée à l'action contre les réfractaires. Chaque jour des dizaines de jeunes sont traqués et abattus sans pouvoir se défendre, puisqu'ils n'ont pas d'armes. Et nos "alliés" de Radio-Londres de prodiguer encouragements et conseils de... mobilité ! Croient-ils faire oublier par leurs bonnes paroles que c'est eux qui ont refusé de livrer des armes au maquis, pour des raisons au sujet desquelles De Gaulle "ne veut pas mettre les points sur les i" ?
Encore une fois, seule l'action autonome des ouvriers réalisera l'armement du prolétariat !
Des mesures provisoires seront adoptées telles que la censure préalable, la désignation des journaux devant paraître dans toute la France et leurs rédacteurs, ainsi que les grands thèmes communs de la propagande... il est entendu une fois pour toutes que n'importe qui n'aura pas le droit d'écrire... Le retour définitif à la liberté ne saurait être envisagé "qu'après la paix et la pacification intérieure du pays". (Cahiers de la Résistance). Quand on pense que le journal Libération porte en manchette cette phrase : "Notre seul but est de rendre la parole au peuple français" – signé De Gaulle... !
"Je commence à en avoir assez" vient de déclarer le général Montgomery à ses soldats dans un discours où il conclut à la nécessité de finir la guerre.
Certes on comprend facilement qu'après cinq années de guerre qui lui ont rapporté maints honneurs et profits, le général en chef n'ait plus rien à désirer que la possibilité de jouir tranquillement de la "gloire" et des avantages de la victoire. Mais le général de division, le général de brigade, le colonel, les officiers subalternes, eux, n'en ont pas encore assez : ils ont tous quelques galons ou quelques décorations à gagner et ne sont pas prêts de désirer la fin d'une guerre riche en occasions de satisfaire les aspirations de toute leur carrière.
Quant aux banquiers et aux gros industriels dont les affaires n'ont jamais tourné aussi rond, il est évident que leur mot-d'ordre est : "pourvu que ça dure !"
S'il faut attendre que tous ces gens là soient repus et que tous les Montgomery et Cie en aient assez, cette guerre risque bien d'être une guerre de cent ans.
La paix ne peut résulter que de l'action des masses exploitées, des soldats, ouvriers et paysans, qui, eux, en ont vraiment assez d'une guerre qui leur a apporté les pires souffrances et la mort.