1961 |
Les positions de Natalia Trotsky concernant la "réhabilitation" de Trotsky :
"On ne peut donc attendre le rétablissement de toute la vérité que de
l'anéantissement de cette bureaucratie par la classe ouvrière qu'elle a réduite à l'esclavage".
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Lettre à "France-Soir"
Natalia Trotsky
9 novembre 1961
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Monsieur le Directeur,
Dans l'interview faite par M. Michel Gordey et publiée
clans France-Soir le lundi 7 novembre, il est dit au
second paragraphe : "Elle (c'est-à-dire moi-même)
espère, avant de mourir, assister à la réhabilitation par le
communisme mondial de celui (Trotski) qui fut, après Lénine, le
plus grand révolutionnaire des temps modernes et le père
spirituel de Mao Tsé-Toung, le chef communiste chinois."
Ces paroles ne m'appartiennent nullement; elles ont été
introduites par le rédacteur de l'interview. Je me vois
donc obligée de préciser ce qui suit :
- Un grand révolutionnaire comme Léon Trotsky ne peut en aucune
manière être le père de Mao Tsé-Toung, qui a conquis sa position
en Chine en lutte directe avec l'Opposition de gauche
(trotskiste) et l'a consolidée par l'assassinat et la
persécution des révolutionnaires, tout comme l'a fait
Tchang Kai-Chek. Les pères spirituels de Mao Tsé-Toung et de son
parti sont évidemment Staline (qu'il revendique
d'ailleurs comme tel) et ses collaborateurs, M.
Khrouchtchev inclus.
- Je considère l'actuel régime chinois, de même que le
régime russe ou tout autre bâti sur le modèle de celui-ci, aussi
éloigné du marxisme et de la révolution prolétarienne que celui
de Franco en Espagne.
- La terreur policière et les calomnies de Staline
n'étaient que l'aspect politique d'une lutte à
mort contre la révolution, menée par l'ensemble de la
bureaucratie. On ne peut donc attendre le rétablissement de toute
la vérité que de l'anéantissement de cette bureaucratie par
la classe ouvrière qu'elle a réduite à l'esclavage.
Je n'espère rien du parti russe ni de ses imitateurs
foncièrement anticommunistes; toute déstalinisation
s'avérera un leurre, si elle ne va pas jusqu'à la
prise du pouvoir par le prolétariat et la dissolution des
institutions policières, politiques, militaires et économiques,
bases de la contre-révolution qui a établi le capitalisme
d'État stalinien.
Recevez, Monsieur le Directeur, mes salutations.