1948

Manifeste du II° congrès de la IV° Internationale aux exploités du monde entier
Source : brochure IV° Internationale, 1948.

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Contre Wall Street et le Kremlin.

IV° Internationale

Pour le programme du « manifeste communiste ». Pour la révolution socialiste mondiale.


Reconstruire l’unité du front prolétarien

Après les grandes grèves françaises de 1947, les élections italiennes de 1948 ont confirmé définitivement qu'à l'étape actuelle l'unité du front prolétarien ne peut plus s'établir autour d'une des deux directions traditionnelles de la classe ouvrière. Les tournants brusques et les manœuvres cyniques ont détourné définitivement du stalinisme une partie non négligeable de l'avant­-garde ouvrière, Le travail de briseurs de grèves et d'organisateurs de jaunes rend dorénavant les chefs réformistes incapables d'exercer encore de l'influence sur la masse des ouvriers communistes combatifs.

Les deux bureaucraties ouvrières font passer dans le prolétariat la ligne de démarcation des deux blocs de puissances internationales. Ignorant volontairement la masse des travailleurs communistes, les chefs réformistes traitent ceux qui suivent les partis staliniens comme les agents d'une "dictature totalitaire". Les chefs staliniens à leur tour rejettent les ouvriers sociaux­-démocrates en commun avec les fascistes dans le camp du "parti américain".

De même que demain, aucune offensive ouvrière ne sera possible sans l'unité d'action des travailleurs, de même une défense victorieuse du prolétariat contre les attaques que la bourgeoisie déclenche maintenant contre son pouvoir d'achat et ses libertés ouvrières est impossible sans le rétablissement de l'unité du front prolétarien. Il y a un siècle, le manifeste communiste proclamait que les communistes n'ont pas d'intérêts séparés de ceux de leur classe. Aujourd'hui, la IV° Internationale, Parti Mondial de la Révolution Socialiste, constitue la seule force qui appelle les travailleurs à reconstituer dans l'action l'unité de leur front de classe.

Les syndicats sont aujourd’hui les premiers frappés par ceux qui dans le mouvement ouvrier représentent des intérêts étrangers aux intérêts du prolétariat. Le mot d'ordre : "Face à un seul patron, un seul syndicat ", reste la pierre de touche de la tactique syndicale de la IV° Internationale. Diviser les syndicats, c'est toujours en définitive faciliter les manœuvres et les provocations patronales. Mais il ne suffit nullement de mener une lutte conséquente contre la division syndicale. Elle n'est en effet, dans la plupart des cas, qu'un aspect particulier d'un phénomène plus profond et plus dangereux encore, la désertion syndicale. D'autre part, l'unité syndicale n'a de sens pour le prolétariat que dans la mesure où elle rend son unité d'action plus réalisable. Mais la bureaucratie syndicale désire établir un contrôle de plus en plus total sur le mouvement ouvrier et accélérer l'intégration de l'appareil syndical dans l'appareil de l'Etat bourgeois. Enfin cette même bureaucratie dont la politique de trahison sème la démoralisation et constitue le pire élément de désertion syndicale, essaye d'étouffer complètement la démocratie à l'intérieur des syndicats, enlevant en pratique aux militants les plus combatifs les moyens d'exprimer leurs idées à l'ensemble des syndiqués. C'est pourquoi les sections de la IV° Internationale mènent une seule et même lutte pour l'unité syndicale basée sur un programme revendicatif dynamique, capable d'élargir le rayon d'action du syndicat vers de larges masses non organisées, pour le maintien le plus strict de l'indépendance des syndicats vis‑à‑vis de l'État et pour la défense acharnée de la démocratie syndicale.

D'autre part, la tendance à la limitation et à la suppression des libertés ouvrières s'affirme à présent partout dans le monde capitaliste. Mac Arthur supprime la grève générale au Japon, alors que Schumann et Moch promulguent les lois scélérates en France et que la loi Taft‑Hartley passe le nœud coulant de la justice de classe autour des syndicats américains. La survie du régime capitaliste devient, partout dans le monde, de plus en plus, incompatible avec le maintien des libertés démocratiques, même les plus élémentaires.

Dans cette situation, la IV° Internationale appelle les travailleurs à réaliser une large unité d'action autour de toutes les revendications démocratiques qui correspondent à un besoin réel de la population laborieuse, Donner à ces revendications la forme la plus intégrale et mener pour elles la lutte la plus conséquente signifie aujourd'hui mobiliser les masses Dour la révolution socialiste. Spécialement en Allemagne et dans d'autres pays occupés, la lutte pour le départ de toutes les troupes d'occupation, pour l'établissement de l'unité du pays et contre toutes les annexions et réparations, la lutte contre la censure et la dictature militaire à peine voilées, la lutte pour des élections réellement libres, pour la convocation d'une Assemblée Constituante, pour la révocabilité des élus au gré des électeurs, la lutte pour la mise à la disposition de toutes les organisations ouvrières gratuitement de locaux, d'imprimeries, de la radio, etc., ces luttes constituent des jalons sur la voie de la révolution prolétarienne, si elles sont menées dans l'esprit de l'internationalisme prolétarien et liées constamment à la propagande pour la fraternisation internationale des travailleurs et des soldats, et à la lutte pour les Etats‑Unis Socialistes d'Europe.

Enfin, quand le souvenir de la dictature fasciste est encore tout frais dans l'esprit des travailleurs de la plupart des pays d'Europe, ceux‑ci suivent avec une inquiétude grandissante les signes d'une reprise d'activité fasciste (Italie) ou semi­-fasciste (France). La IV° Internationale rappelle constamment aux travailleurs les douloureuses leçons des défaites ouvrières d'Allemagne, d'Autriche et d'Espagne face aux attaques fascistes. Elle propage constamment la constitution du Front Unique de toutes les organisations ouvrières pour barrer la route aux de Gaulle, Mosley, Almirante et autres candidats bourreaux du grand capital. Aux comités de Front Unique à la base doit correspondre une propagande constante partant des faits quotidiens pour la constitution du Front Unique entre les organisations se réclamant du prolétariat. La constitution d'une milice ouvrière basée sur les usines, les syndicats et les comités de quartiers doit constamment être opposée au crétinisme légaliste des dirigeants traîtres qui répètent servilement les erreurs de leurs prédécesseurs en réclamant de l'Etat bourgeois qu'il désarme les bandes fascistes. Mais il est avant tout nécessaire de suivre attentivement toutes les initiatives spontanées des masses dans la lutte antifasciste, initiatives qui prennent les formes les plus audacieuses surtout en Italie. Ce n'est que quand l'avant‑garde révolutionnaire aura appris à reprendre ces initiatives, à les élargir et à les propager inlassablement que s’établira une réelle intégration intime entre sa lutte consciente et la poussée spontanée des travailleurs et qu'elle gagnera effectivement la confiance de sa propre classe.


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