19/04/2001 - Rouge : Présidentielle et législatives de 2002 - Pour un accord avec Lutte Ouvrière

     Outre les enseignements des élections municipales que nous avons relatés dans le dernier numéro de "Rouge", la direction nationale de la LCR a débattu de l'orientation à mettre en oeuvre lors des échéances électorales de 2002, orientation qui sera tranchée par une conférence nationale en juin prochain.
     Les municipales ont confirmé l'existence d'un courant électoral significatif de la gauche radicale opposée à la politique du gouvernement, et les prochaines élections présidentielle et législatives peuvent être l'occasion d'amplifier cette tendance. La LCR et Lutte ouvrière ont, dans cette situation, des responsabilités particulières, et la majorité de la direction de la Ligue est d'avis qu'un accord politique entre les deux organisations est possible, pour mener ensemble la campagne présidentielle et celle des législatives. La base d'un tel accord devrait se faire dans le prolongement des européennes, et des propositions que nous avons défendues les uns et les autres lors du scrutin municipal, autour d'une opposition intransigeante à la politique du gouvernement et des diverses composantes de la gauche plurielle, de la défense d'un plan d'actions, de mesures d'urgence en réponse à la politique de refondation sociale du Medef et à celle du gouvernement, de la nécessité d'avancer dans la construction d'une alternative anticapitaliste aux partis traditionnels.

Propositions à LO

     Sur cette base, la LCR propose à LO qu'Arlette Laguiller soit la candidate commune des deux organisations à la présidentielle avec à la clé une série d'initiatives (meetings) et une profession de foi communes. Aux législatives, la LCR propose à LO une répartition des circonscriptions sur la base d'une profession de foi ou d'une déclaration politique commune, afin d'être présents dans toutes les circonscriptions.
     Par ailleurs, la campagne des élections municipales a montré qu'il est possible d'ouvrir les listes à des militants syndicalistes et associatifs sans pour autant altérer le contenu d'une orientation politique clairement opposée au patronat, à la droite et au gouvernement, et qui défende des mesures d'urgence répondant aux échéances de l'heure, comme par exemple l'interdiction des licenciements et la réquisition des entreprises qui licencient et font des profits. La LCR entend prolonger l'activité des collectifs "100% à gauche" qui se sont constitués lors des municipales, et nous proposerons à LO de nous adresser ensemble à toutes celles et tous ceux qui souhaiteront s'engager avec nous dans cette campagne, de manière à les associer le plus étroitement possible.

Critiques

     Une autre orientation a été défendue. Critiquant la démarche majoritaire qui privilégie un accord national avec LO, elle propose que la Ligue s'engage dès maintenant dans la poursuite de l'activité des collectifs "100% à gauche" et qu'elle favorise une dynamique de rassemblement regroupant toutes celles et ceux qui se sont, de manières diverses, différenciés à gauche de la politique de la gauche plurielle, Lutte ouvrière incluse. Elle souhaite que la LCR se donne les moyens de faire surgir des candidatures, à la présidentielle et aux législatives, qui se situent dans le prolongement de cette activité. Avec à la clé la proposition d'un appel national de responsables politiques divers (LCR, LO, PCF critiques, Verts critiques, Alternatifs...), de syndicalistes et associatifs.
     D'autres camarades pensaient nécessaire d'inscrire notre démarche vis-à-vis de LO au-delà des échéances électorales, dans un projet de regroupement des forces du mouvement révolutionnaire.

Le second tour

     La direction de la LCR a estimé que la question du second tour ne saurait constituer un obstacle à la conclusion d'un accord politique avec LO. Tout en distinguant l'électorat de gauche de celui de droite, l'appel à voter pour la gauche n'a rien d'automatique. Et ce d'autant qu'en 2001, il s'agira de prendre en compte deux exigences: le combat contre la droite, mais aussi le refus du quitus au gouvernement Jospin qui aura mené pendant cinq ans une politique contraire aux intérêts des salariés et du plus grand nombre. Sur ce sujet également, d'autres positions ont été défendues. L'une favorable à ce que la LCR appelle au second tour à battre la droite en adaptant son argumentation aux nouvelles coordonnées de la situation, toute autre position revenant à mettre sur le même plan droite et gauche, ce qui serait une grave erreur. L'autre préconisant une rupture plus radicale avec la position traditionnelle de la Ligue et un abandon clair et net de tout ce qui pourrait apparaître comme une forme déguisée d'appel à battre la droite.
     Enfin, une forte majorité, indépendamment des débats d'orientation politique indiqués ci-dessus, s'est prononcée, en cas d'échec des discussions avec LO, pour que la Ligue présente une ou un candidat à la présidentielle et le maximum de candidates et de candidats aux législatives. Une minorité était d'avis qu'en cas d'absence d'accord avec LO, la LCR ne présente pas de candidat et mène sa propre campagne de soutien à la candidature d'Arlette Laguiller.

Léonce Aguirre
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