Nous avons publié la semaine dernière quatre tribunes reflétant le débat qui traverse la LCR quant aux échéances électorales de 2002. Nous publions cette semaine la cinquième des positions qui se sont exprimées au comité central.
Sanctionner Jospin, éliminer Chirac
Le soutien aux idées que défend la gauche révolutionnaire, pour résister au Medef et à la droite et sanctionner la politique de la gauche gouvernementale, peut encore s'amplifier en 2002 avec le développement actuel des luttes des salariés. La LCR vient de confirmer sa capacité d'être présente aux élections pour défendre un programme radical et populaire, tout en créant des dynamiques de rassemblement avec les listes "100% à gauche". Les discussions avec LO devraient reprendre en tenant compte de cette réalité, faire prévaloir l'unité de la gauche révolutionnaire dans le respect de sa pluralité: un accord politique au premier tour des législatives avec une répartition des circonscriptions, une candidature d'Arlette qui serait celle d'un vrai rassemblement. Mais, au contraire, la direction de LO en tire la conclusion inverse, se replie, refuse de nous rencontrer, dénigre nos listes, notre politique, le travail de ceux qui ont milité avec nous. Si cela semble préparer une nouvelle affirmation solitaire de LO, et une division qui arrangera la gauche plurielle, nous devons maintenir nos propositions d'unité, obtenir que la candidature d'Arlette soit en mesure de rassembler sur son nom toute la gauche radicale. Si LO le refuse, il nous faudra sans doute présenter une autre candidature. Ce sera aux militants de la LCR d'en apprécier l'opportunité lors de notre conférence en juin.
Ils devront aussi rectifier le profil de la LCR, mis à mal par deux concessions inutiles faites à LO par la majorité du comité central. Elle propose un accord à LO comme si rien ne s'était passé aux municipales, oubliant ceux qui se sont rassemblés avec nous, négligeant de renforcer la politique de rassemblement réussie autour des listes "100% à gauche". Et un an avant 2002, elle semble abandonner la politique traditionnelle de la LCR sur le second tour. Une motion que nous avons présentée, appelant à battre Chirac et la droite, a recueilli 15 voix, tandis que 27 voix se sont prononcées sur une motion ambiguë de "ni-ni", permettant à notre porte-parole d'accréditer dans les médias l'idée que la LCR aurait une position quasi abstentionniste. La presse en fait ses choux gras, annonce que nous avons rallié la position de LO. La gauche plurielle, première responsable de la désaffection de l'électorat populaire, mise en difficulté par nos listes, trouve ainsi une parade facile pour brouiller notre message politique. Bien sûr, ce n'est pas en faisant battre Jospin par Chirac qu'on résistera mieux au Medef et à la mondialisation libérale, mais c'est en développant les mobilisations, les grèves, pour imposer les revendications à la gauche au pouvoir, tout en rassemblant à gauche les militants qui refusent les politiques de soumission au profit. Et pourquoi hésiter après 7 ans de Chirac? Veut-on que soit reconduit au sommet de l'Etat un délinquant accusé par les juges d'avoir été le maître d'oeuvre du racket des HLM et des lycées, et lui conférer une immunité supplémentaire? A Caen, les chômeurs d'AC! qui crient "Chirac en prison" ont raison. La gauche respectueuse de la cohabitation n'a pas de leçons à donner, elle qui paralyse au Parlement l'action en justice contre Chirac. Au premier tour, quel(le) que soit notre candidat(e), on sanctionne Jospin, et au second on appelle à éliminer Chirac, sans aucun soutien à la politique du candidat de gauche, et sans porter aucune responsabilité si la droite gagne. Aux militants de la LCR de rectifier le cours actuel, comme ils ont su le faire au dernier congrès.
Patrick Auzende, Laurence Dangel, Alain Mathieu, Laurence Ruimy