(1892 - 1944)
Martine Tavitian, dit Tarov.
Trotskiste arménien, ancien officier de l'Armée rouge. Après maintes aventures (il lui arriva de coucher dans un fossé sous la neige pendant qu'un ours passait au-dessus de lui), il réussit, avec l'aide de la Ligue communiste, à gagner la France par l'Iran et l'Inde. Il avait alors perdu tous ses cheveux et la commissure de ses lèvres était couverte d'une couche de corne... " La Ligue lui a fourni de vrais faux papiers au nom d'Armenak Manoukian et lui a trouvé du travail comme serrurier. Il habitait chez nous. Je le conduisais chaque matin au métro Porte Dorée et j'y revenais le chercher chaque soir. Un matin, je l'avais laissé avant que nous soyons arrivés à la bouche de métro. Je l'ai entendu crier "au secours". Trois hommes tentaient de l'entraîner vers une auto pendant qu'il se cramponnait à un arbre. Je suis accouru avec un énorme marteau à la main, les trois hommes sont remontés dans la voiture et se sont enfuis [1] ". Pendant l'Occupation, Tarov, toujours sous le nom de Manoukian, adhéra au parti communiste arménien et s'enrôla dans le groupe Manouchian, la mieux connue des unités de combat de la M.O.I. (main-d'oeuvre immigrée). Après avoir été blessé au cours d'une opération, il fut capturé avec l'ensemble du groupe. Leur dénonciation fut attribuée à "Albert", le commissaire politique que leur avait affecté le P.C.F., mais ce point est controversé. Les vingt-trois furent immortalisés par l'" affiche rouge " qui annonça leur exécution le 21 février 1944. Archives A. Tarov : |
[1] Témoignage de R. Filiatre, militant trotskyste français.